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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/295

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bacée, jette ses rameaux épars ; elle croît aux bords de la mer en Espagne.

Culture. Les cendres & le sel qu’on retire des soudes par l’incinération, forment une branche de commerce considérable. La soude d’Alicante est préférée, parce qu’elle fournit une plus grande quantité d’alkali.

Les soudes croissent naturellement au bord de la mer, & en quelques endroits en grande quantité ; la consommation des alkalis, soit pour les teintures, soit dans les fabriques du savon, est si considérable, qu’on est obligé de les cultiver. À cet effet on emploie les terrains imprégnés de sel marin & qu’on laboure pour le blé. On sème le salicote en même temps que le froment après les labours accoutumés. Si l’année est sèche, le blé périt & la soude prospère. C’est le contraire si l’année est pluvieuse, parce que la fréquence des pluies délave le sel & pénètre la couche inférieure du sel marin, & le concentre dans l’intérieur ; de manière que la corrosiveté de ce sel en masse, plus ou moins considérable, ne rend pas les fromens rachitique. Consultez les expériences sur les effets du sel, rapportées au mot arrosement. Quand l’année n’est ni trop pluvieuse ni trop sèche, on a une récolte en blé passable ; & un ou deux mois après qu’il est enlevé de dessus le champ, on fauche le salicote & on le brûle comme il sera dit ci-après. Cette ressource est précieuse pour les terrains naturellement salins, où les récoltes en grains sont très-casuelles. Ceux qui ne veulent pas hazarder ses semences du blé, sèment tout bonnement du salicote. C’est donc retirer du sol qui auroit resté inculte, une récolte qui dédommage assez bien de tous les frais. Elle mériteroit d’être encouragée sur les sols du voisinage de la mer. Est-ce le voisinage de la mer, & la présence du sel marin, qui donnent aux plantes de cette famille la quantité d’alkali qu’on en retire par l’ustion ? Je ne dis pas ignition, car elle le dissipe en grande partie. Le sel marin y contribue, à la vérité, ainsi que l’air salé de l’atmosphère ; mais la graine de salicote, semée dans l’intérieur du royaume, à trente & cinquante lieues de la mer, produit une plante qui fournit, par l’ustion, une plus grande quantité d’alkali, que toutes les autres plantes du voisinage. La culture de cette plante auroit donc été avantageuse dans les environs des grandes verreries, des manufactures de glaces, &c. qui consomment beaucoup de soude ; mais dans peu, lorsque le sel marin sera marchand en France, il sera plus économique d’en séparer chimiquement & d’en convertir en alkali, toutes ses parties qui en sont susceptibles. On obtiendra une soude bien plus pure, & elle donnera au verre une plus belle transparence.

Procédé pour faire brûler la soude.

Cette opération s’applique à toutes les espèces de fucus que la mer jette sur ses bords, & que souvent elle y entasse par monceaux. Dans quelques provinces on les appelle varech. Ces fucus doivent être exposés à la grosse ardeur du soleil avant de les brûler, afin qu’ils soient bien secs ; mais