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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/298

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sion usitée dans certaines provinces, pour désigner le premier labour que l’on donne aux champs après l’hiver. Tout bon cultivateur n’adoptera pas cette méthode qui fatigue beaucoup le bétail. Sa peine augmente en raison de la ténacité du sol, de sa facilité à se tasser, à se comprimer & à se durcir. La même opération faite à l’entrée de l’hiver, aussitôt après les semailles, produira bien plus d’effet pour les labours du printemps.. 1°. Toutes les herbes seront enfouies & se disposeront à une plus prompte putréfaction à l’approche des premières chaleurs du printemps ; sans chaleur point de décomposition. 2°. Les sillons bien formés, les pluies d’hiver pénétreront bien mieux & plus avant dans l’intérieur, tandis que sur un champ argilleux & à surface plane, l’eau glisse. 3°. La terre, imbibée à une certaine profondeur, attire bien plus le froid, éprouve plus fortement l’action des gelées, & gèle plus profondément. 4°. L’effet de la gelée est de désagréger les molécules de la terre, de rompre leurs liens & de les soulever ; d’où il résulte qu’après un hiver rigoureux, comme celui de 1788, on a vu la terre soulevée à quinze pouces de profondeur. Malgré les pluies du printemps, de l’été & de l’automne, la terre n’avoit pas encore repris sa première ténacité. Aussitôt après le froid, on laboura les terres supposées naturellement compactes, presque avec autant de facilité que les terres légères. Cette observation est de la plus grande importance, & j’espère que le bon cultivateur ne la laissera pas échapper. C’est le cas, après de tels froids rigoureux & au commencement du printemps, de labourer profondément les champs dont le sol est ainsi ameubli ; de faire passer la charrue deux fois dans le même sillon, afin de ramener à la superficie une plus grande quantité de terre neuve, que les labours d’été mêleront exactement avec l’ancienne. Les labours tels qu’on les fait communément, ne remuent jamais que la même terre. On travaille beaucoup pour opérer peu. L’homme sage profitera de l’occasion, & il cherchera à la faire naître en soulevant ses champs avant l’hiver. Il dira d’eux, je fais hiverner mes champs, comme on dit dans les pays de vignoble, j’hiverne ma vigne.


SOURCE. Ce mot a deux acceptions : on s’en sert pour indiquer l’endroit par où l’eau sort, ou pour désigner l’eau elle-même, soit qu’elle coule sous terre, soit qu’elle s’épanche à l’extérieur : il en a déjà été question à l’article Fontaine (cosultez ce mot). Il nous reste deux choses à examiner, 1°. quelle est la première cause des sources, 2°. La nature fournit-elle des moyens pour les découvrir.

1°. De l’origine des sources. On a donné, à l’article fontaine, la manière dont l’eau s’insinue, de la surface dans l’intérieur de la terre : on a dit comment cette eau, divisée en plusieurs ramifications, se réunissoit en masse lorsqu’elles étoient retenues par des couches d’argille ; enfin, comment cette eau suivoit la couche & étoit conduite souvent à des distances de plusieurs lieues où elle s’ouvroit, & formoit enfin une fontaine. Toutes les sources viennent des lieux élevés, & plus le pays est montagneux, & plus elles sont fréquentes ; enfin