Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/38

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sionner un étranglement qui porte toujours une atteinte plus ou moins dangereuse à la vie de l’animal qu’on leur confie. Pour lors la ligature ne produit dans le cerveau qu’un engorgement léger, insensible, par la facilité que le sang trouve à sortir par la jugulaire externe opposée, parce que les carotides sont presque autant comprimées que les veines, & parce qu’on n’interrompt jamais entièrement la circulation du sang dans la veine même qu’on veut ouvrir. Cet engorgement est bientôt détruit, & même surabondamment, par l’ouverture de la veine dans laquelle le sang circule alors avec plus de vélocité, sans être retardé dans les autres veines de l’encolure : la circulation devient donc par là un peu plus rapide dans le cerveau, le sang qui monte par les carotides & les vertébrales rencontrant moins d’obstacles ; cependant la quantité du sang qui monte est encore inférieure à celle qui est évacuée par l’effet du frottement, de la force d’inertie, & par le temps nécessaire pour que le tout se sépare. La saignée de la jugulaire diminuera donc plus promptement que celle des autres veines, la pléthore du cerveau, quoiqu’elle y accélère le cours du sang. Cette accélération même sera utile dans quelques occasions pour en entraîner le sang épais, collé contre les parois des vaisseaux ; de là naîtront plusieurs avantages que les animaux éprouvent dans les maladies du cerveau, où il y a des obstacles particuliers à la circulation ; ces obstacles se présentent assez souvent dans les différentes parties du corps : c’est alors que la saignée locale mérite la préférence & réussit souvent.

La ligature qu’on applique au bras lorsqu’on veut ouvrir la veine des ars ou veine céphalique, répondant dans cette extrémité à celle qu’on nomme veine saphène dans l’extrémité postérieure, sert en arrêtant le cours du sang dans les veines qui se distribuent dans les bras, à les remplir davantage, à en faciliter l’ouverture & l’évacuation. La compression ne se fait pas seulement sentir aux veines extérieures, les artères les plus profondes en sentent communément l’effort ; mais d’autant moins qu’elles sont plus cachées, fortes, élastiques & à l’abri, que le sang y circule avec plus de vélocité. Le cours du sang n’étant jamais subitement & totalement arrêté par aucune ligature dans toutes les artères d’un membre, il arrive toujours un engorgement sanguin au-dessous de la ligature, qui, pour être bien faite, doit être serrée de manière à interrompre la circulation des veines, & à ne la ralentir que foiblement dans les artères : dans cet état les veines s’enflent. Si alors on fait une ouverture plus large que le diamètre du vaisseau, comme il est ordinaire, tout le sang qui auroit dû retourner au cœur par la veine ouverte, s’écoule par la plaie ; il s’y joint une partie de celui qui cherche inutilement un passage par les autres veines, & qui se débouche par l’endroit où il rencontre le moins d’obstacles.

La quantité de sang qui sort dans un temps donné de la veine des ars, ouverte avec une ligature au-dessus, est donc supérieure à celle qui couleroit pendant le même temps dans le vaisseau ouvert. On peut l’évaluer au double, si l’ouverture de la veine est égale à son diamètre ;