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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/392

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tale. Ils sont bien rangés dans la gravure, mais le sont-il également sur l’arbre ? C’est un fait à examiner & que je ne crains pas de nier, si le membre B, N, est déjà vieux.

J’ose ne pas être du sentiment des écrivains sur la conduite des arbres, parce que je ne consulte que le livre de la nature ; je n’agis que d’après les règles qu’elle me dicte. On doit aux judicieux cultivateurs de Montreuil, & à leurs sages observations, la découverte de l’angle de quarante-cinq degrés, pour fixer les deux membres supérieurs. M. l’Abbé Roger de Schabol est le premier qui ait fait connoître leur méthode par ses écrits. Il leur a rendu la justice qu’ils méritoient. Ces bons cultivateurs sont parvenus, à force d’observations, à la plus sublime théorie & pratique de la taille. Il est surprenant qu’après avoir fait le premier pas décisif, ils n’aient pas tiré du principe de quarante-cinq degrés, la conséquence naturelle de placer les branches du second & du troisième ordre & les bourgeons sur un angle proportionnel & correspondant au premier. Ils n’avoient plus que ce pas à faire pour completter leur doctrine.

Quel motif a donc déterminé les sectateurs de la méthode de Montreuil à disposer les deux membres inférieurs sur la ligne horisontale 90, B, N, & d’avoir conservé quatre membres principaux, c’est-à-dire, les deux supérieurs 45, B, G ? c’est qu’il ne leur a pas été possible, ou du moins très-difficile, avec le seul membre B, G, 45, & avec les branches du premier & du second ordre, & avec ses bourgeons, de remplir tout l’espace 45 & 90. Il étoit contre toute règle naturelle de tirer des branches ou bourgeons au-dessous de l’horizontale ; il a donc fallu recourir à un expédient & mieux aimer avoir des branches secondaires sur le membre horisontal. Je préfère la position des secondaires sur l’oblique K de 65, parce que ce membre tirera plus de sève, que lorsqu’il est placé sur la ligne 90. Nous avons dit que les nombres des angles étoient l’image fidèle de ceux de l’âge de l’homme, on ne niera pas qu’un homme de soixante-cinq ans ne soit plus fort, plus vigoureux que celui de quatre-vingt-dix. Si pour remplir l’espace compris entre soixante-cinq & quatre-vingt-dix, on est forcé de tirer quelques branches du second ou du troisième ordre, 1°. elles auront moins de portées ; 2. elles partiront d’un point qui les rapprochera plus de l’angle de quarante-cinq degrés, que si ces branches sortoient du membre B, N. Si la nécessité nous force à nous écarter de la loi de la nature, de l’angle de quarante-cinq degrés, écartons nous-en donc le moins qu’il est possible.

L’exemple des arbres, soit forestiers, soit fruitiers, livrés à eux-mêmes, nous apprend que lorsque leurs branches sont successivement parvenues à l’horizontalité, comme B, N, 90, l’arbre est en décours dans le grand état de vieillesse, & que le charbon fait avec son bois, se fuse & donne peu de chaleur.

Les tailleurs d’arbres attachent une grande importance à garnir symétriquement de verdure les deux lignes B, N, 90, & même à voir ces lignes chargées de fruit ; l’arbre fait bien le rideau, disent-ils ; cela eh vrai, mais c’est un tour de force & rien de plus. Après un certain temps, les membres inférieurs B, N, 90, s’épuisent, se chargent de bois morts ; dans les pêchers, ils