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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/414

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Quand on arrive dans le jardin, on voit si la perche est détendue, ce qui annonce la prise de l’animal.

Je finirai par une observation essentielle, qui est de ne jamais placer la taupière à l’endroit même où l’animal a bouté, & où il a poussé la terre en-dehors, parce qu’alors il pousse la terre devant lui, & en remplit la taupière, ce qui l’empêche de le prendre. Quelquefois la taupe passe à côté de la taupière, ce qui est pourtant rare ; alors on déplace le piège, & on le met dans un autre endroit.


TAUPE-GRILLON, ou courtillière, ou courterole. La véritable dénomination est la première, Grillo-talpa, Lin. On a nommé cet insecte taupe, parce qu’il vit sous terre comme la taupe, & parce que, comme elle, il y creuse des galeries ; & grillon, parce qu’il est de la famille de ces insectes. Il fait le même bruit que le grillon de nos champs, mais moins fort. Quant aux deux autres dénominations, je n’en connois pas l’origine. Voici comme M. Geoffroy, dans son Histoire des insectes, décrit cet animal, le fléau des pépiniéristes, des fleuristes & des jardiniers. Consultez la gravure qui accompagne le mot insecte, tome V. page 678, planche XXVII, figure. 4.

» On peut regarder cet insecte comme des plus hideux & des plus singuliers. Sa tête, proportionnément à la grandeur de son corps, est petite, alongée, avec quatre antennes grandes & grosses, & deux longues antennes minces comme des fils. Derrière ces antennes sont les yeux ; entre ces deux yeux, on en voit trois autres lisses & plus petits, ce qui fait cinq en tout, rangés sur une même ligne transversale. Le corcelet forme une espèce de cuirasse alongée, presque cylindrique, qui paroît comme veloutée. Les étuis qui sont courts ne vont que jusqu’au milieu du ventre ; ils sont croisés l’un sur l’autre.[1] Les ailes repliées se terminent en pointes qui débordent, non-seulement les étuis, mais même le ventre. Celui-ci est mol & se termine par deux pointes ou appendices assez longues ; mais ce qui fait la principale singularité de cet insecte, ce sont ses pattes de devant qui sont très-grosses, aplaties, & dont les jambes très-larges se terminent en dehors par quatre grosses griffes en scie, & en dedans par deux seulement. Entre ces griffes ou scies est situé & souvent caché le pied. Tout l’animal est d’une couleur brune & obscure. »

Plusieurs auteurs ont parlé de cet animal, & aucun de ceux dent j’ai lu les ouvrages, n’a fait la remarque la plus importante. Les quatre griffes extérieures, dont parle M. Geoffroi, ne font pas corps avec les deux postérieures, & sont simplement appliquées sur les deux intérieures, comme si l’on joignoit les ceux paumes de la main l’une contre l’autre, avec cette différence cependant que les deux griffes n’ont d’autre mouvement que celui de la

  1. C’est avec ces étuis & par leurs mouvemens précipités, que l’animal excite un bruit approchant de celui du grillon.