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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/419

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à se gratter sans cesse, & qui les empêche de pouvoir se livrer au sommeil ; si cet état dure long-temps, l’insomnie les jette dans un état de maigreur & de consomption ; alors la fièvre lente qui ne tarde pas à survenir les réduit au dernier degré du marasme, auquel ils succombent très-souvent.

En général la teigne sèche est plus difficile à guérir que la teigne humide, parce qu’elle dépend, comme l’observe très-bien M. Astruc, d’une âcreté & d’une sécheresse plus considérables ; & qu’il y a dans la teigne sèche des callosités à fondre, ce qui augmente la difficulté de la guérir. Elle est d’autant plus fâcheuse, qu’elle est invétérée & plus étendue, que les ulcères sont profonds, que les bords en sont calleux, & qu’elle est soutenue par un vice du sang plus considérable.

On ne doit point chercher à guérir la teigne dans les enfans étiques, trop émaciés, ou pulmonique, à moins qu’on ne soit fondé à croire que la teigne est l’unique cause de leur état, & qu’on pourra y remédier en la guérissant. Or, pour parvenir à la guérison de cette maladie, il faut, avant d’en venir aux topiques, combattre l’âcreté de la lymphe par des remèdes appropriés ; on commencera par la saignée, & s’il y a une pléthore bien marquée, on la réitérera ; ensuite on donnera aux malades des bouillons rafraîchissans, des apozèmes apéritifs, du petit lait, les bains, les tisanes sudorifiques, & autres remèdes analogues : après cette préparation on en viendra aux topiques, dont les effets doivent procurer la chûte des croûtes & la découverte des ulcères. Pour pouvoir les mettre à découvert, 1°. il faut faire couper les cheveux le plus près qu’il sera possible ; 2°. employer le beurre frais, la crême récente, le cérat de Galien liquide, ou les feuilles de cresson cuites dans du sain-doux, & appliquées pendant vingt-quatre heures ; ensuite on applique une emplâtre de poix, étendue sur de la toile neuve ou sur du bazin, sur tout ce qui est couvert de teigne, qu’on y laisse pendant huit jours ; après quoi, en la soulevant, on arrache en même temps tous les cheveux qui y tiennent. On arrache ensuite cette emplâtre avec ménagement, & on couvre la partie teigneuse de feuilles de poirée enduites de beurre frais ; ce qu’on réitère tous les jours jusqu’à ce que l’inflammation soit diminuée ; alors on lave le mal avec une décoction de feuilles de choux rouges, ou de fumeterre, ou de la racine d’enulla campana, ou même avec l’urine de l’enfant : on panse le tout avec un digestif ordinaire, jusqu’à parfaite guérison. M. Ami.


TEILLER, TEILLE. C’est rompre les brins de chanvre, & séparer les chenevottes de l’écorce qu’on nomme teille, & qui est convertie en fil, après avoir été peignée. Si cette opération n’étoit pas un amusement dans les villages où toutes les femmes, les filles & les enfans se rassemblent à la veillée pour teiller, je la regarderois comme abusive. Il seroit plus prompt, plus expéditif & plus économique de se servir de la broye, représentée fig. 11, p. 284 du tome VI, ou de l’espèce de meule employé en Livonie, dont il est parlé dans l’article Lin. Mais il seroit barbare de priver d’un plaisir innocent un nombre d’êtres qui se recréent &