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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/426

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la région inférieure cette terre à base calcaire. Les plantes, les lichens, par exemple, qui se colent par toutes leurs parties inférieures, soit contre les pierres calcaires, soit contre les pierres vitrifiables, leurs racines infiniment petites s’insinuent dans leurs pores, y introduisent de l’humidité ; le froid survient, la glace occupe plus d’espace que l’eau ; cette glace devient levier, & détache peu-à-peu toute la partie pénétrée d’humidité. C’est ainsi & par l’ensemble de tous les effets météoriques, que les surfaces des rochers sont peu-à peu converties en terre. Les pierres vitrifiables sont celles qui résistent plus fortement à leur action.

7°. Que l’on suppose une étendue de terrein quelconque, formant un bassin avec l’enceinte des montagnes qui l’environnent de tous côtés, excepté d’un seul, par où s’écoulent les eaux ; la terre de ce bassin sera homogène, si toutes les montagnes de la circonférence sont homogènes, par exemple, calcaires, puisque cette terre n’est formée que de leurs débris, & cette terre sera précieuse pour l’agriculture. Si au contraire les rochers sont vitrifiables, le sol de ce bassin sera pauvre, & ne deviendra productif qu’en y multipliant les engrais… Mais si cette chaîne de hautes montagnes, supposée calcaire, est surmontée sur le derrière, comme cela arrive ordinairement, par une autre chaîne plus élevée, cette seconde sera vitrifiable : alors le lavage des terres des unes & des autres par les eaux pluviales, rendront mixte le fonds de terre du bassin… Mais si ce même bassin est traversé de part en part par une grande rivière, dont les débordemens soient considérables, ce ne sera plus en totalité la terre des montagnes de la circonférence qui formera le fond du bassin, ce sera celle de toutes les montagnes dont le pied aura été baigné par les eaux de la rivière : alors il existera dans ce bassin un mélange prodigieux, qui augmentera ou diminuera la fertilité, suivant les principes terreux déposés par la rivière.

8°. Ce que l’on dit des mélanges de terre opérés par les pluies ou par les dépôts des rivières, s’applique en grand aux dépôts formés par la mer ; c’est elle qui a établi dans la Touraine cet amas énorme de débris de coquilles, la plupart réduites en poudre, & que dans le pays en nomme falun : c’est elle qui a déposé ce banc prodigieux de craie qui commence vers Sainte Seine en Bourgogne, traverse toute la Champagne-pouilleuse, la Picardie, la Normandie ; se propage sous la mer, entre Calais & Douvre, & se continue dans la partie méridionale de l’Angleterre, jusqu’à la dernière extrémité du cap Lézar. C’est encore à ces dépôts coquillers, que sont dues nos différentes marnes que l’on rencontre aujourd’hui, soit disposées en couches, soit par bloc. Ces derniers ont souffert des altérations dans leur manière d’exister ; car dans leur origine ils formoient des couches qui, par la suite, ont été divisées par différens courans, & qui ont charrié çà & là les bloc. Les dépôts dont on vient de parler, sont tous calcaires, parce qu’ils ont pour base des substances animales, réduites en chaux naturelle, dont une partie est grossièrement concassée, & l’autre réduite en molé-