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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/475

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B sont attachées sur les bords du tube du calice ; le pistil C est placé au centre des étamines dans le fond du calice. D représente le calice qui est un tube d’une seule pièce, divisé en huit folioles, dont quatre grandes & quatre petites disposées en croix.

Fruit. Petit réceptacle chargé d’environ soixante semences E, petites, oblongues & menues.

Feuilles. Portées par des pétioles, trois à trois ou à cinq ; les folioles simples, découpées sur leurs bords.

Racine. Noueuse, rampante.

Port. Les tiges droites, longues d’un pied environ, grêles, foibles, velues, rougeâtres ; les fleurs solitaires, opposées aux feuilles, soutenues par de longs pédicules ; les feuilles alternativement placées sur les tiges.

Lieu. Les terrains légèrement humides, la plante est vivace, fleurit en juin, juillet & août.

Propriétés. Racine d’une saveur médiocrement austère, d’une odeur aromatique, très-légère lorsqu’on la triture. Elle est quelquefois utile dans la foiblesse de l’estomac & des intestins, dans la diarrhée séreuse, la dyssenterie bénigne, l’hemoptysie par un effort, l’hemoptysie essentielle, l’hemorragie utérine par pléthore ou par blessure. En gargarisme, elle tend à déterger les ulcères de la bouche, à répercuter l’inflammation récente des amigdales & du voile du palais, & à fortifier les gencives.

Usage. Racine sèche depuis demi-once jusqu’à une once, en macération au bain-marie, dans six onces d’eau ; ou feuilles récentes, depuis demi-once jusqu’à deux onces, en infusion dans cinq onces d’eau.


TOURBE, TOURBIÈRE. La tourbe est un dépôt de végétaux décomposés, que l’on trouve sous l’eau ou sous terre. Le lieu où on les trouve, & d’où on les tire, est appelé Tourbière. Les dépôts anciens ont été formés de plusieurs manières, les uns par des transports prodigieux de plantes marines, faits par les eaux de la mer dans des baies, des anses dont elle couvroit autrefois la surface ; telle a été l’origine des fameuses & excellentes tourbières qui circonscrivent les bords du lac d’Harlem. Les rivières à cours paisible, les lacs d’eau douce, ont donné & donnent naissance aux autres où chaque jour il s’en prépare pour les générations futures. Les lentilles & mousses d’eau contribuent beaucoup à leur formation, parce que chaque année ces plantes se précipitent au fond de l’eau ; mais les plantes qui me paroissent le plus contribuer à la création de la tourbe, sont l’hydre cornu, (ceratophyllum demersum. Lin. le volant d’eau, (myriophyllum spicatum verticillatum. Lin..) & sur-tout la renoncule des eaux, (ranunculus aquatilis Lin.) Dans un marais à Campo di Lauro en Corse, je l’ai vue sur un très-grand espace d’eau présenter à la vue, par l’immensité de ses tiges, de ses fleurs, & de ses feuilles, l’image d’une prairie riante ; curieux d’examiner plus particulièrement la différence des feuilles submergées avec celle des feuilles qui couvrent la surface de l’eau, j’arrachai un certain nombre de tiges dont la longueur perpendiculaire excédoit trois à quatre toises, & s’élançoit du fond de l’eau. Chaque année, à l’entrée de l’hiver, toute la plante est entraînée au fond de l’eau, d’où au premier printemps suivant, elle pousse