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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/484

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leur succès du kermès minéral. Ce remède agissant par les selles, rétablit les digestions, & prévient les retours de la toux. Bourdelin recommande beaucoup ce dernier remède, & le soufre doré dans les intervalles.

Il est encore très-avantageux de tenir le ventre du malade libre par l’usage des doux laxatifs, & je crois que les plus appropriés sont de petites doses de rhubarbe, de mercure doux. Il faut en même temps entretenir les forces, remonter le tan de l’estomac par l’usage du quina & autres toniques. Piquer veut qu’on combine les toniques, avec les purgatifs. Les diurétiques peuvent être encore de quelque utilité, vu la sympathie qu’il y a entre les voyes urinaires & la poitrine, lorsque celle-ci s’engorge. Le docteur Chaisne recommande les cloportes avec le vin blanc. Un médecin anglais propose les cantharides corrigées par le camphre. Meibonius a vu plusieurs enfans attaqués de cette maladie, guéris par l’usage des légers diaphorétiques. Mais Buchan regarde le changement d’air comme le remède spécifique dans cette maladie ; son opinion est fondée sur l’observation journalière : j’ai vu beaucoup d’enfans attaqués de cette maladie, qu’on n’avoit pu surmonter, par quelque remède que ce fût, être guéris huit ou dix jours après qu’ils avoient respiré un air différent qui lui étoit naturel ; & la guérison de mes deux enfans atteints depuis près de deux mois de cette maladie, en est une preuve incontestable.

Il n’est pas rare de voir survenir à l’extérieur, sur la fin de la toux convulsive, des abcès spontanés qui soulagent les malades & font disparaître la toux ; d’après ces crises qui sont toujours un bienfait de la nature, on doit employer des remèdes qui puissent l’exciter, ou bien compléter ce qu’elle nous refuse, employant des remèdes qui portent une impression directe sur le principe vital, tels que le castoreum, le quina, les bains-froids, & les vésicatoires.

Il est une toux férine qui attaque les enfans, & qu’il ne faut pas confondre avec la coqueluche. La cause de cette toux est une humeur catarrale qui se jette sur l’estomac, & quoique la nature dans cette affection affecte une marche lente, elle opère, pour l’ordinaire, une coction salutaire qu’il ne faut point troubler. Les remèdes violens, & sur-tout l’émétique, pourroient y être funestes. Piquer qui a observé plusieurs épidémies de cette toux férine catarrale, veut qu’on n’emploie d’autre remède, que le lait, le petit-lait & l’expectoration.

La toux idiopathique peut se manifester à la suite d’un ulcère du poumon, & d’une hémophtisie. Si les bords de l’ulcère sont calleux, si l’irritation constante dépend de cette dureté, & excite la toux, il faut alors regarder la maladie incurable, surtout si l’on ne peut ou l’on ne tâche de diminuer cette callosité par des boissons délayantes.

Il est encore une autre espèce de cette toux, produite par quelques vices organiques de la trachée-artère, qui tantôt sont légers, & tantôt graves ; on y observe un resserrement, une constriction des vaisseaux aériens. Elle succède le plus souvent à l’abus des spiritueux, des eaux gla-