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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/564

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férentes substances, doit toujours être en raison du degré d’activité qui peut être nécessaire en elles, ainsi que des diverses modifications qu’il est utile qu’elles reçoivent, eu égard à l’état de l’ulcère & à la nature ou à la sensibilité de la partie ulcérée. Ce même état qui en indique le genre & l’emploi, indique aussi à l’artiste le moment où l’usage ne pourroit qu’en être nuisible & préjudiciable. Le fond de l’ulcère est-il suffisamment purgé, il n’est pas douteux que les vaisseaux délivrés des humeurs qui les engorgeoient, & qui les recouvrant, les rendoient moins accessibles à l’action de ces médicamens, seront inévitablement blessés de l’impression qu’ils feront sur eux ; d’un autre côté, le suc régénérant, exposé à une dissolution que doivent provoquer leurs molécules salines, péchera par un défaut de consistance ; ce seroit donc se préparer de nouveaux obstacles à combattre, que de ne pas les bannir au moment où les vaisseaux libres & souples, ne fourniront que la lymphe nourricière destinée à ne faire qu’un seul & même corps avec les tuyaux qui la charient & qui la versent, dès l’instant que leur prolongement ou leur expansion aura lieu.

XIV.

C’est en effet dans ce prolongement que semblent principalement consister le mécanisme & le mystère de la régénération & de la réunion. Mais sans nous arrêter davantage à des idées aussi compliquées, occupons-nous seulement de la cicatrisation de l’ulcère. C’est constamment par les bords de l’ulcère que la cicatrisation commence, ces bords étant plus en butte aux effets de l’air que le froid, qui d’ailleurs est toujours plus humide ; que si elle laisse entrevoir assez fréquemment des rides, on doit principalement les imputer au gluten qui se collant en premier lieu à la portion solide du bord, & successivement plus avant du côté du lieu qui étoit cave, ne peut se dessécher & acquérir une compacticité qu’il n’occupe bien moins d’étendue, vu le rapport intime de ses molécules, & qu’il ne suscite par resserrement ces plis & ces inégalités qui peuvent offenser l’amour-propre du sexe, mais qui sont toujours assez indifférens, relativement à la plupart des hommes, & généralement eu égard aux animaux.

XV.

Quoi qu’il en soit de la cicatrisation, de cette action à laquelle la nature se porte vraisemblablement plutôt qu’à tout autre, lorsque abandonnée à elle-même, elle est d’ailleurs dégagée de tout obstacle ; l’art peut l’aider & la rendre plus prompte au moyen des substances qui ont le pouvoir de hâter la clôture des solides & la concrétion du suc, & qui composent les médicamens que l’on appelle, d’après ces effets, du nom général de dessicatifs, épulotiques, cicatrisans.

XVI.

Le choix que l’on doit faire de ces médicamens, est dicté par les différens états de l’ulcère.

Le liquide nourricier est-il trop fluide, & le tissu des vaisseaux prolongés est-il conséquemment trop