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blable au poulx de ceux qui se portent bien. Malgré toutes ces bonnes raisons, on voit tous les jours de ces empiriques de la classe de ces vils insectes, qui ne portent auprès des malades que l’ignorance & l’effronterie, prétendre reconnoître à son inspection les différens maux dont on peut être attaqué.

M. Ami.


URINES-DIABÈTES. Médecine vétérinaire. Ce n’est autre chose qu’un flux immodéré d’urine.

Cette maladie est rare dans les animaux : elle arrive plus souvent au bœuf qu’au cheval, ainsi qu’à la brebis, & aux autres animaux domestiques.

On connoît cette maladie, lorsque l’animal rend une plus grande quantité d’urine que dans l’état naturel, par la couleur des urines, qui sont très chargées, & par leur fétidité.

Il faut savoir distinguer les diabètes d’avec l’évacuation immodérée des urines provoquées par la grande quantité de fluide que l’animal a bu, en ce que dans la dernière, l’évacuation ne surpasse jamais en quantité celle des boissons qu’il a pris, & qu’elle n’est accompagnée d’aucun autre symptôme fâcheux.

Causes. Les pâturages échauffans, tels que les pâturages qui abondent en plantes aromatiques, les breuvages d’eau-de-vie & de thériaque donnés à forte dose, l’excès du sel, les travaux & les exercices pénibles long-temps continués, les eaux de mauvaise qualité, la suppression de la transpiration & de la sueur, sont les principes ordinaires des urines diabètes.

Traitemens. Dans les diabètes qui ne sont accompagnées ni de chaleur ni de fièvre, ni de pléthore, la saignée est contre-indiquée ; on donnera seulement à l’animal des boissons copieuses d’une eau blanchie avec la farine d’orge & de riz, des lavemens émolliens ; on soumettra le dessous du ventre aux fumigations de l’eau chaude, & on bouchonnera l’animal pendant tout le temps des fumigations.

Mais l’animal est-il échauffé au point que les urines soient d’une odeur fétide & colorée, la saignée à la veine jugulaire sera pratiquée ; on lui donnera de l’eau blanche, du son mouillé, de la paille, pour toute nourriture ; on le fera baigner, si la saison le permet, dans une eau de rivière, & on ajoutera le traitement ci-dessus indiqué. Si après l’usage de tous ces remèdes, les vaisseaux paroissent toujours distendus, si la bouche & les tégumens sont échauffés, il faudra répéter la saignée, les boissons, les lavemens, les bains, les fumigations & les frictions jusqu’à un entier succès de ces médicamens.

Dans les diabètes qui sont le produit d’une transpiration ou d’une sueur arrêtée, il faut se contenter de couvrir l’animal, & de lui donner des breuvages, composés de suie de cheminée & de racine d’angélique. Ces substances favorisant la transpiration & la sueur, on doit s’attendre au rétablissement du cours naturel des urines. M. T.