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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/577

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Art. VIII.

Des soins qu’exigent les veaux.

Il arrive quelquefois que les mères négligent de lécher leurs veaux nouveaux nés, on les excite à le faire en semant sur leurs corps un peu de sel, ou de mie de pain, ou de son.

Il est des veaux qui ne prendroient point le trayon de leur mère, si on ne les en approchoit, ou si on ne le leur mettoit dans la bouche.

On ne doit jamais sevrer les veaux aussi-tôt après leur naissance, cette méthode est très-vicieuse, ils dépérissent, & ne donnent pas autant de profit.

Les veaux craignent le froid, & il est prudent de les en garantir ; mais il faut bien prendre garde aussi de ne pas tomber dans l’excès ordinaire, c’est-à-dire, de les tenir dans des étables trop chaudes & étouffées.

On ne doit jamais sevrer avant deux mois, ou au moins six semaines, les veaux mâles ou femelles, soit qu’on les destine au boucher, soit qu’on se propose de les élever. Nous en avons déjà dit les raisons plus haut ; le lait n’est point propre a la nourriture de l’homme, pendant les deux premiers mois qui suivent le part, & il est nécessaire aux veaux pour lesquels il ne peut être suppléé par aucune autre nourriture. C’est un fait incontestable, que plus les veaux tettent, plus ils deviennent grands & forts.

Lorsqu’on les a sevrés on ne doit pas leur donner tout de suite des alimens solides ; pour toute nourriture on leur donne du lait coupé avec deux tiers d’eau, ou bien on fait bouillir de l’orge qu’on leur présente avec l’eau dans laquelle elle a cuit. On les nourrit aussi très-bien avec le lait dont on a enlevé la crème ; ils ont d’abord de la peine à en boire, mais ils s’y accoutument bientôt.

De quelque manière qu’on les élève, il est important de leur fournir une nourriture très-abondante, si l’on veut qu’ils deviennent beaux. On est assez dans l’usage de ne faire manger que deux ou trois fois par jour au plus, les veaux qu’on a sevrés ; ce n’est pas assez, il vaut bien mieux leur donner moins de nourriture & la leur donner plus souvent.

Aussi-tôt qu’ils sont en état de suivre la mère, on doit les faire sortir, rien ne leur étant plus contraire que le trop long séjour à l’étable.

Les veaux ont la mauvaise habitude de se tetter, ce qui les fait dépérir à vue d’œil ; on prévient cet inconvénient, en les tenant séparés les uns les autres.

On ne peut trop les tenir proprement, & leur donner trop souvent de la litière fraîche ; s’ils croupissent dans l’urine ou le fumier, leur corps se couvre de galle, & ils restent toujours maigres & chétifs.

Les veaux sont fort sujets à un flux dysentérique qui les jette dans une maigreur extrême qui est assez souvent suivie de la mort. On arrête les mauvais effets de cet accident, en donnant aux veaux plusieurs fois par jour, jusqu’à guérison, des jaunes d’œufs délayés dans du vin rouge, & en leur faisant prendre quelques lavemens d’eau, dans laquelle on aura fait bouillir du son.