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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/628

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secte, si on l’examine légèrement ; erreur d’autant plus facile, que la tête de ces vers se décole aisément.

La longueur de ces vers varie à l’infini ; les plus longs n’ont jamais outrepassé vingt & quelques pieds, en sorte que nous n’en avons jamais rencontré dans les animaux d’aussi longs que ceux dont l’histoire de la médecine humaine fait mention ; peut-être que l’homme vivant beaucoup plus long-temps que les animaux qui nous occupent, laisse au ténia celui de grandir, tandis que les plus foibles périssent ; de-là le nom de solitaire que lui ont donné les médecins du corps humain.

Leur nombre ne varie pas moins : nous en avons compté jusqu’à deux cents vingt-sept dans un chien, quatre-vingt-onze dans un cheval, dix-neuf dans un bœuf, douze dans un mouton ; un chien en a rendu en notre présence cent quinze.

Les lieux qu’ils habitent de préférence sont les intestins ; nous avons rencontré quelquefois dans l’estomac, leur tête & une portion du cou, le reste de l’insecte étoit au-delà du pylore, & étendu dans l’intestin ; le rat est le seul dans qui nous l’avons trouvé dans le foie ; il est logé dans cet animal dans la propre substance du viscère, unique dans le petit logement qu’il s’y est pratiqué, il y est renfermé & enveloppé dans un véritable kyste, ou poche membraneuse, blanchâtre, opaque, compacte ; il se montre sur la surface du viscère, sous la forme d’un point ou d’une tache blanchâtre ; à l’ouverture du kyste on trouve un ténia très-blanc, de la longueur de neuf à douze pouces sur une ligne environ de largeur, très mince, articulé par des anneaux placés très-près-à-près. Les jeunes rats que nous avons disséqués n’en avoient pas ; mais ceux d’un moyen âge en ont toujours dans les intestins, au nombre de trois ou quatre au moins, & les vieux en ont dans le foie de les intestins ; nous en avons trouvé jusqu’à sept dans le premier de ces viscères ; dans les entrailles ils étoient plus ou moins multipliés. Le lapin en est très-fréquemment attaqué ; ils n’occupent que les intestins grêles, sont très-larges, fort épais, & presque toujours cucurbitins ; nous en avons rencontré de très-petits, on les distinguoit à peine ; ils avoient deux, trois, quatre, cinq lignes de longueur ; toutes les artulations étoient bien distinctes ; es plus petits ont paru cylindriques ; ce n’est vraisemblablement qu’en se développant qu’ils s’aplatissent : les loups, les renards, la loutre, la taupe, la belette, la fouine, le putois & le loir en nourrissent également ; mais envisageons les uns & les autres de ces vers, relativement aux effets qu’ils produisent dans les animaux qui nous occupent.

Article Premier.

Désordres produits par les ténia.

Les ténia ne causent pas de désordres moins grands & moins alarmans : ils suscitent des toux & des coliques dans presque tous les animaux qui en sont affectés ; les quadrupèdes y sont sujets ; mais d’après les observations faites sur le bœuf & la vache, ces derniers nous paroissent y être moins exposés que le mouton ; le cheval y est beaucoup plus sujet que l’âne & le mulet, & aucun d’eux ne