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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/633

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l’ignorance, est souvent suivie des effets les plus sinistres.

Ethmuller dit que plusieurs personnes prétendent & assurent que les chiens sont sujets à un ver sous la langue, & que si on a soin de leur ôter ce ver avant qu’ils aient eu des accès de rage, ils n’enragent jamais. Pline l’appelle lyra, & pense la même chose.

On voit que cette erreur remonte à la plus haute antiquité. Dufouilloux qui a fait un traité de Vénerie sous Charles VII, relève cette erreur, & il est bien étonnant qu’elle se soit accréditée, & que les gardes chasse & les valets de chiens l’aient encore en vénération ; ils pratiquent journellement l’opération qu’ils appellent éverrer, à l’effet de préserver leurs jeunes chiens de la rage. Ce prétendu ver n’est autre chose que le tendon du muscle mylo-hyoïdien, ils l’extirpent & l’emputent impitoyablement.

Nous avons remarqué, d’après l’inspection des cadavres des animaux morts à la suite des maladies vertigineuses, tous les effets d’une cachexie, d’une atonie dans les solides, & d’une décomposition plus ou moins grande du principe des fluides : nous avons même observé ceux d’une véritable anemase, c’est-à-dire d’un défaut de sang dans les vaisseaux, preuve certaine d’une cacochylie & d’une cacochymie bien décidées. Ces affections vermineuses sont toujours accompagnées dans le cheval, de maladies psoriques, du tic, d’eaux aux jambes, de poireaux, quelquefois de crapeaux, d’ulcères qui résistent aux topiques & aux pansemens les mieux ordonnés ; dans le poulain, de tumeurs œdémateuses, d’engorgement aux jambes & de consomption ; dans le mouton & le bœuf', de la pourriture ; dans le chien, du vice scorbutique, de maigreur ou de consomption ; dans le cochon, de coliques, de diarrhées & du tak, &c. Ces différentes affections qui n’ont toutes qu’un seul & même principe, l’appauvrissement des humeurs, dépendent-elles d’une disposition particulière des sujets, ou sont-elles le produit de révolution des vers ? Nous sommes très-disposés à penser que la nature des fluides facilite le développement de ces insectes, & que leur présence augmente & aggrave cet état, d’où naissent par la suite tous les maux que nous avons décrits, & qui conduisent l’animal à la mort.

L’espèce de perspiration de Crinons (section IV. art. I.) est sans-doute due à une manière d’être des humeurs ; ce mode tel qu’il soit, en facilite l’évolution & l’émission ; celle-ci ayant formé une crise heureuse, l’animal est guéri. Les douves ne sont jamais aussi multipliées que lorsque les bœufs & les moutons sont affectés de la pourriture, & plus le nombre de ces insectes est grand, plus la maladie a d’intensité. Les œstres sont d’autant plus nombreux dans l’estomac & dans les intestins des chevaux, que leurs sucs sont visqueux & appauvris, ou souillés par des humeurs à évacuer, telles que celle de gourmes, &c. Les œstres ne font effectivement un véritable ravage dans les haras, qu’avant l’éruption de cette humeur ; les ténia ne sont aussi fréquens dans les jeunes chiens que par la viscosité de leurs humeurs, & par leur appétit vorace de toutes les chairs corrompues & infectes ; les jeunes chiens errans & vagabonds y sont infiniment plus