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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/643

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moins cruellement ; la contrainte, en pareil cas, pour leur faire prendre le liquide, est presque toujours suivie de danger ; le breuvage passe dans la trachée-artère, les fait tousser & les suffoque. Il faut, à l’égard de ces animaux, leur incorporer l’huile empyreumatique avec des poudres de plantes amères, & leur faire prendre sous forme d’opiat par le moyen d’une spatule de bois : nous l’avons donnée ainsi avec succès à des chevaux de ce caractère, étant amalgamée avec la poudre d’aulnée.

Observez le même soin pour le mulet & l’âne ; la dose pour celui-ci sera de trois gros pour ceux de la forte espèce, de deux pour ceux de la moyenne, & d’un gros pour les petits ; celle des mulets est la même que pour les chevaux.

Quant aux poulains à la mamelle, on ne leur en donnera qu’un demi-gros, même cinquante à soixante gouttes, étendu toujours dans une corne d’infusion de sariette ; on leur continuera jusqu’à ce qu’ils ne rendent plus de vers, & qu’ils aient donné des signes de rétablissement ; il sera bon encore d’en faire prendre aux mères, pourvu toutefois que cette huile n’altère pas le goût du lait, ce qui pourroit dégoûter le petit, aussi fera-t-on bien de commencer par traiter le jeune sujet, & de ne l’administrer à la mère que lorsque sa production sera rétablie. Le jeune animal peut plus aisément alors supporter la diète qui ne peut être longue, le goût naturel du lait pouvant être rétabli le troisième jour après l’administration du remède. La dose pour les poulains de trois ans sera de trois gros, on pourra même leur en donner quatre à cinq gros, s’ils sont de la forte espèce ; cette huile leur sera administrée le matin trois ou quatre heures avant de les mettre dans les pâturages.

Nous observerons au surplus qu’on ne doit pas révoquer en doute l’efficacité du remède dans le cas où il ne seroit sorti aucun ver du corps des animaux ; nous nous sommes assurés, par des expériences réitérées, que les vers qu’il tuoit, étoient très-souvent digérés ; on ne doit juger de l’effet de cet anthelmintique que par le rétablissement de l’animal, & non par la cessation de leur émission par l’anus.

Les veaux seront traités de la même manière, & auront même dose.

Les cochons auront une dose un peu plus forte, à moins qu’ils ne soient très-jeunes.

Les bœufs & les vaches peuvent avoir des doses plus fortes que les chevaux ; on leur en donnera quelques gros de plus dans les proportions que nous avons indiquées pour ces premiers animaux.

La dose de cette huile, pour les moutons, est d’un demi-gros pour les forts, & de cinquante à cinquante-cinq gouttes pour les autres ; il est bon aussi de l’étendre dans l’infusion de sariette.

Les chiens étant en général très-irritables, sont de tous les animaux ceux qui exigent le plus de précautions dans l’emploi de ce remède. Leur taille variant à l’infini suivant leurs différentes espèces, on sent que la dose doit varier de même ; on peut la donner depuis un gros jusqu’à deux grains, toujours dans l’infusion de sariette ; au surplus, il vaut mieux avoir à augmenter la dose que de la donner trop sorte ; moins elle le sera,