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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/657

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ces lieux voisins d’une cour boueuse, remplie de fumier, ou attenante à des écuries ou bergeries ? Chaque année, l’expérience apprend aux personnes qui élèvent des vers à soie, dans de tels endroits, qu’elles perdent leur temps. Si elles ont une bonne récolte sur dix, c’est un phénomène dû à des circonstances heureuses, qu’on ne peut ni prévoir, ni se ménager. Lorsque le local dont on peut disposer n’est pas convenable, il y a beaucoup plus de profit à vendre sa feuille & son temps à ceux qui peuvent avoir une éducation avantageuse.

CHAPITRE III.

Du logement destiné aux vers à soie.

Section Première.

Des emplacemens nuisibles.

L’endroit destiné a l’éducation des vers à soie se nomme coconnière, magnanïere, magnonière, magnaudière, &c. Toutes ces dénominations importent peu au fond de la chose, pourvu que le local soit convenable.

Dans la construction d’un atelier, il faut éviter le voisinage des rivières, des ruisseaux, & surtout les eaux stagnantes. L’humidité, jointe à la chaleur nécessaire aux vers, accélère la putréfaction de toute espèce de substance animale & végétale ; toute putréfaction de ce genre produit l’air mofétque, le plus mauvais de tous. Il faut éviter encore que l’atelier soit appuyé contre des rochers assez élevés pour empêcher la libre circulation de l’air, ou humides au point que l’eau filtre à travers les scissures. Un autre inconvénient, est qu’ils réfléchissent les rayons du soleil, & occasionnent dans l’atelier une chaleur suffoquante, dont les vers sont très-incommodés.

Le voisinage des bois, des forêts, n’est pas moins dangereux. Outre la transpiration des plantes, qui augmente l’humidité atmosphérique, elles attirent encore celle de l’air & la conservent fortement. Le second principe pour une bonne éducation, est donc d’aligner toutes les causes extérieures de l’humidité. On ne doit pas espérer d’y parvenir, si l’atelier est placé dans le fond d’un vallon étroit, & surtout dominé par des hautes montagnes ; si les rayons du soleil y parviennent trop tard dans la matinée ; s’ils se retirent trop tôt dans l’après-midi. Dans le premier cas, l’humidité s’y concentre, la lumière du soleil y arrive tout-à-coup & trop chaude, la chaleur naturelle est quadruplée par la réfraction des rayons, enfin elle est étouffante. Si le sommet des montagnes prive l’atelier de la lumière, trop à bonne heure dans l’après-midi, le serein y sur-abonde, l’atelier est plongé dans un bain de vapeurs, qui, malgré les plus grandes précautions, pénétreroit jusqu’aux vers. Chaque propriétaire doit faire l’application de ce qui vient d’être dit, à son local, en corriger les défauts, & tâcher de le rapprocher du degré de perfection de l’atelier dont je vais parler