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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/663

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de l’air, & la chaleur mal ménagée, sont les causes principales de leurs maladies. La feuille en occasionne aussi ; mais elles seroient moins dangereuses si elles n’étoient précédées par celles que le mauvais air procure. Ainsi il faut exclure tous les vaisseaux où l’on met du feu, quoiqu’on ait la précaution de le couvrir de cendres. Il est essentiel de le suppléer par des poëles, dont nous allons examiner les effets.

La matière combustible ne brûle dans un poële qu’autant que le feu est entretenu par un courant d’air frais & humide. Ce principe est trop bien reconnu en physique pour avoir besoin d’être discuté. Il attire certain frais du dehors de l’atelier en dedans. Pour vous en convaincre, prenez une bougie allumée, présentez-en la flamme à l’ouverture d’une serrure ; quand même il y auroit plusieurs portes dans l’atelier, vous verrez que la flamme approchée vers toutes les serrures, se dirigera en dedans. Cette flamme suit donc le courant d’air attiré par le poële échauffé. On suppose que toutes les fenêtres soient fermées. Le courant d’air frais n’occupe donc que la partie basse de l’atelier, & sa partie supérieure est beaucoup plus échauffée, par la tendance naturelle que l’air échauffé par le poële, a de gagner la région supérieure. La chaleur est donc inégale dans l’atelier. Voilà un défaut… Le courant d’air frais attire l’humidité de l’atmosphère de l’atelier. Sans humidité point de flamme : le fer rougit au feu ardent sans flamber ; mais si dans cet état on jette un peu d’eau par-dessus, une petite flamme paraît aussitôt. Un poële absorbe donc l’humidité de l’atmosphère de l’atelier ; par conséquent il est trop sec & moins propre à être respiré. Voici un fait à l’appui de ce que j’avance. Dans les serres où les poëles sont employés, on place au-dessus, des terrines pleines d’eau, dont l’évaporation rend à l’air une humidité proportionnée à celle que les poëles absorbent. Sans cette précaution il ne resterot pas une feuille aux arbres qu’on veut conserver. C’est donc un défaut dans un atelier qu’un air trop sec. La cheminée seroit donc préférable, si elle pouvoit échauffer un grand atelier sans beaucoup de dépense : mais cela n’est pas possible. Quel est donc le moyen d’échauffer un atelier sans nuire aux qualités de l’air nécessaire à la respiration, & de distribuer la chaleur par-tout également ? Voilà la question que je me propose de résoudre, sans craindre d’attaquer les pratiques en usage.

Pour un atelier de quatre-vingts pieds de longueur, je demande 1°. quatre poêles, & deux pour celui de quarante pieds. Ils seront placés en dehors, au rez-de-chaussée de l’atelier, & entretenus par l’air extérieur. 2°. Dans la partie du mur correspondante au fourneau, & dans l’épaisseur de sa maçonnerie, on placera des tuyaux de six pouces de diamètre, en fonte ou en terre cuite à l’épreuve du feu. 3°. La partie de maçonnerie qui touche le fourneau, sera garnie en argile bien corroyée, à l’épaisseur d’un pouce, ou en plâtre. Sans cette précaution, la chaleur réduiroit en poussière le mortier, en détruisant le lien qui unit le sable & la chaux. Si l’on ne craint pas la dépense, on supplée les tuyaux en terre cuite par des pierres taillées