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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/680

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procurée à la graine, par cette méthode, n’est estimée que de dix-huit à vingt degrés ; mais on peut l’évaluer de vingt-deux à vingt-quatre, lorsqu’elle est placée dans le sein d’une jeune personne.

Il y a des personnes qui couvent réellement la graine, en restant couchées pendant tout le temps de l’incubation, afin de lui procurer le même degré de chaleur. Elles se trompent, car la chaleur est plus forte pendant le sommeil, que pendant le réveil. Qui n’a pas éprouvé ce fait, en se réveillant en sueur, tandis qu’on a à peine chaud, lorsqu’on demeure dans le lit sans dormir ? D’autres exposent la graine au soleil, dans des boîtes garnies de papier ; elles les mettent ensuite entre des oreillers échauffés au soleil ou devant le feu. Cette méthode seroit préférable à la première, si l’on étoit assuré d’une continuité de beaux jours, nécessaires pour cette opération, & si après avoir retiré la graine du soleil, on lui procuroit le même degré de chaleur ; ce qui n’est pas toujours praticable.

2°. De l’incubation spontanée. Elle a lieu lorsque le ver éclôt, par le seul effet de la chaleur de l’atmosphère, comme les chenilles éclosent sur les arbres. Cette méthode est la meilleure dans les pays où l’on ne craint pas le retour du froid, & où la chaleur s’étant une fois fait sentir, elle augmente tous les jours progressivement. Dans ces climats, il faut laisser agir la nature, & se contenter de placer la graine dans des boîtes, à l’épaisseur de deux lignes au plus.

Il y a peu de climats en France qui jouissent de cet avantage, sans que l’on soit obligé d’avoir recours à l’art, que je crois très-nécessaire pour faire éclore les vers également. Je puis dire, d’après ma propre expérience, que dans nos provinces, les vers éclos naturellement ne réussissent jamais bien, parce qu’il est rare de les voit éclore dans le temps ou les mûriers bourgeonnent. Or pour qu’ils réussissent, il faut absolument qu’ils ayent de la feuille tendre à manger, dès qu’ils sont éclos.

On doit se ressouvenir, que j’ai parlé d’une infirmerie pour les vers malades : c’est dans cet endroit qu’il faut déposer la graine pour la faire éclore, parce qu’il est facile de l’échauffer au degré nécessaire pour cet objet. La graine sera dans des boîtes, ou sur des claies légères, à l’épaisseur de deux lignes ; le fond sera garni en papier doux, & la graine couverte avec un papier pareil.

Lorsqu’on transporte la graine dans le lieu indiqué, elle sort d’un endroit frais où elle a été conservée : il ne faut donc pas lui donner tout de suite trop de chaleur. Le passage subit de la fraîcheur à une chaleur trop forte, lui nuiroit beaucoup, en occasionnant tout de suite une transpiration trop considérable de la liqueur visqueuse qui est la nourriture du germe. Il suffit que la chaleur soit de huit à dix degrés. On se procure aisément cette température avec un peu de feu ; & si le thermomètre montoit trop, alors on introduit l’air extérieur en ouvrant une fenêtre ou une porte. Enfin on tâche d’établir un courant d’air, pour obtenir la température désirée.

Pendant le premier jour, la graine sera à la chaleur de huit à dix degrés seulement ; le second, de dix