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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/689

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touche : c’est ce que semblent prévoir ceux qui sont attaqués de cette peste, car ils fuient les autres & se retirent aux bords des tablettes. S’ils n’ont pas le temps ou la force d’y arriver, ils crèvent au milieu de leur litière. Ceux qui se portent bien les fuient aussi & se retirent à l’écart ».

» Les causes, suivant l’Auteur cité, de cette maladie mortelle, sont 1°. de leur avoir donné à manger une feuille cueillie humide, ou gardée dans un endroit humide ou mal propre. 2°. S’ils ont mangé une feuille remplie de fibres amères & dégoûtantes, telle que celle des mûriers qui ont moins de cinq ans. 3°. De les avoir nourris d’une feuille trop tendre, tandis qu’ils auroient eu besoin d’une nourriture plus solide, ainsi qu’il arrive presque toujours, lorqu’on a la manie des vers à soie hâtifs. On se procure un mûrier, qui à la faveur d’une exposition chaude & avantageuse, pousse sa feuille prématurément, & suffit pour nourrir le ver à soie, quelquefois jusqu’à la seconde mue : mais cette feuille finie, on est obligé de leur donner d’une autre qui est à peine épanouie, quoiqu’ils ne dussent manger alors qu’une feuille plus avancée. 4°. Lorsqu’on les a laissés sur la litière trop accumulée, soit pour leur avoir donné trop abondamment de la feuille, ou lorsqu’au lieu d’emporter leur litière toutes les fois qu’on les rechange, on en fait un tas dans leur loge ».

J’admets dans toute son étendue la quatrième cause indiquée par M. du Castelet. Quant aux autres, malgré la vénération que j’ai pour ses opinions, je ne les regarde que comme des causes très-éloignées, quoiqu’elles soient réellement nuisibles à la santé des vers. J’ajouterai encore, que les indications extérieures de la maladie sont trop vagues, & ne la désignent pas assez.

La maladie dont il est question est occasionnée par l’air mofétique, des corps en putréfaction : il faut bien le distinguer de l’air fixe ou méphitique, qui s’exhale des corps dans leur première fermentation, soit acide, soit vineuse. On appellera, si l’on veut, le premier air, inflammable, quoiqu’il y ait quelque différence. Or cet air mofétique reconnoît pour cause ; 1°. le peu de renouvellement de l’air atmosphérique de l’atelier, surtout dans les angles & dans les parties où cet air n’est point agité. Tous les jours nos hôpitaux en offrent de funestes exemples sur les malades. 2°. La vapeur qui s’exhale de la litière, pressée & accumulée, & surtout lorsque la moisissure commence à la gagner, ainsi que la chaleur produite par la fermentation. C’est un air mortel. Il n’est donc pas surprenant que les vers le fuient, & gagnent le bord des tablettes, pour venir respirer un air plus pur, ou moins infecté. Tenez l’atelier dans une grande propreté ; ayez soin d’y renouveler l’air, par les moyens que j’ai indiqués ; enlevez souvent la litière ; vous détruirez par ces moyens simples, les causes de la mortalité des vers.

Dès qu’on s’aperçoit que quelques vers sont attaqués de cette maladie, on doit craindre qu’elle ne se communique aux autres. Il faut donc les examiner avec attention, & sur le moindre doute enlever ceux qu’on croit attaqués, & les transporter dans l’infirmerie, où le seul changement