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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/691

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étoit changée aussi souvent que je l’ai conseillé : ainsi toutes les circonstances furent égales. Je ne crains pas de certifier que sur toutes les tablettes armées de conducteurs, les vers à soie furent constamment plus alertes, plus sains que sur toutes les autres ; enfin que les tablettes non armées, voisines de celles qui l’étoient, se ressentirent un peu du bienfait des conducteurs. Après cela, sera-t-on étonné que l’observation ait engagé les paysans à armer avec de la vieille feraille, le dessous des nids où les poules doivent couver ? De graves auteurs ont traité cette pratique de puérilité : avant de la condamner, il convenoit d’avoir suivi l’expérience.

Section IV.

Des harpions ou passis.

Ces dénominations vulgaires ont passé des provinces méridionales dans celles du nord, lorsque l’éducation des vers à soie y a été connue. Harpìon dérive du mot griffe ou serre ; passis de souffrir.

Cette maladie n’est pas réellement distincte de la rouge, elle n’en est qu’une modification. Elle se manifeste dès les premiers jours de la naissance du ver, par une couleur jaune ; celle des passis est un peu plus foncée. Il faut voir ce qui a été dit de la rouge. Ces deux dernières maladies, c’est-à-dire, les vers qu’on nomme harpions, passis, deviennent tels par les mêmes causes qui donnent la maladie qu’on appelle la rouge. On reconnoît les vers malades, 1°. à leur couleur, tirant sur le jaune. 2°. Ils sont effilés, leur peau ridée & plus courts que ceux du même âge. 3°. Ils alongent leurs pattes grêles & crochues. 4°. Ils mangent peu, languissent & sont dans un état de marasme. Il faut traiter ces vers comme ceux attaqués de la rouge : c’est pourquoi je renvoie à cet article, qui est la première section du chapitre septième, sur la maladie des vers--à-soie.

Lorsque les passis sont rares après la première mue, on peut essayer de les soigner à l’infirmerie : mais comme je suis persuadé qu’ils ne seront jamais bien, il vaut mieux les jeter ; & si, avant la première mue, on s’aperçoit que la couvée en est entièrement infectée, pour lors j’insiste pour qu’on ait recours à de la nouvelle graine. Je ne dirai plus rien à ce sujet, je ne ferois que me répéter ; il suffit d’ajouter, qu’il faudra un peu pousser les vers de cette seconde couvée, en suivant les procédés de M. Sauvages, que j’ai cité. Prenez garde que je dis qu’il faut pousser les vers, & non pas la couvée ; on tomberoit dans l’inconvénient qu’on cherche à réparer. Que la couvée se fasse petit à petit, afin que les œufs ne soient pas trop desséchés par la chaleur : on vient de voir les inconvéniens qui en résultent.

Dès que les vers de cette dernière couvée seront éclos, on aura recours à la feuille la plus tendre. Aussi-tôt après la première mue, on les poussera par la chaleur, afin que les autres mues soient plus rapprochées.

Section V.

De la luzette, ou luisette, ou clairette.

Le nombre des vers attaqués de