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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/708

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ne font pas attention que les papillons sortis de ces cocons seront foibles, puisque le ver aura souffert : la graine se ressentira de ce vice, ainsi que les vers qui en proviendront. Quant aux cocons qui sont tachés, si c’est par un accident extérieur, ils sont bons ; mais la tache peut aussi être la preuve que la chrysalide ait souffert, & alors le papillon ne sortira peut-être pas.

Il ne faut pas prendre les cocons doubles pour avoir de la graine. Ils sont ainsi nommés, parce qu’ils contiennent deux chrysalides. Il est facile de les distinguer des autres, par leur tissu grossier, serré ; par la bourre épaisse dont ils sont enveloppés ; enfin par leur couleur un peu grisâtre, & en général toujours différente de celle des autres de la même éducation. Les papillons des cocons doubles sont aussi bons que les autres pour reproduire leur espèce, il y auroit même de l’avantage à les y destiner ; mais le cocon étant très-épais, d’un tissu fort & serré, le papillon a beaucoup de peine à le percer, & il en sort épuisé ; par conséquent il est peu propre à reproduire son espèce. Ne pourroit-on pas aider le papillon dans son travail ? oui, si l’on savait comment il est disposé dans sa coque, & par quel bout il sort. Le meilleur moyen seroit d’ouvrir le cocon, & d’attendre le changement de la chrysalide en papillon. Il resteroit toujours à savoir si cette opération ne nuiroit point à la chrysalide, en l’exposant à l’air avant le terme fixé par la nature. Voila encore une expérience à faire ; je la propose aux éducateurs qui ont le temps & la facilité de l’entreprendre. La réussite seroit très-avantageuse, c’est-à-dire, si la graine qui proviendroit de ces papillons, étoit bonne. La soie qu’on retire des cocons doubles est d’une qualité bien inférieure à celle des simples : elle est grossière, & on ne peut pas l’employer pour les étoffes fines. On en fait communément des bas, qui ne sont pas beaux, quoiqu’ils soient de durée.

Il y a des cocons de quatre couleurs ; le blanc, le vert-céladon, l’incarnat pâle, & l’orangé. La première couleur est recherchée, parce qu’on vend plus cher les cocons, qui sont ordinairement destinés à faire des fleurs. On a soin d’en mêler quelques-uns parmi ceux qui sont destinés pour la graine. Les deux couleurs suivantes sont les plus estimées. On préfère communément les petits cocons au gros, avec raison, car l’expérience a démontré, dans le tirage, qu’un petit cocon Piémontois ou Espagnol, fournit plus de soie qu’un gros. Leur tissu est serré, le fil mince, & leur parchemin épais. Quand on les presse avec deux doigts, on a plus de peine à les faire céder, que les gros.

Lorsqu’on a fait le choix de la quantité de cocons, dont on veut avoir les papillons, il faut s’assurer de la vie de la chrysalide, en secouant chaque cocon auprès de l’oreille, avant de l’enfiler. Si elle est morte & détachée du cocon, elle rend un bruit aigre ; le muscardin ou cocon dragée, rend le même bruit. Mais lorsque la chrysalide est vivante, elle rend un bruit sourd, & elle a moins de jeu dans le cocon. Quand on enfile les cocons en forme de chapelet, il faut enlever toute la bourre qui enveloppe le cocon ; elle em-