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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/86

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& bientôt l’enfant marche & s’affermir.

» Lorsque les vingt premières dents sont poussées, l’engorgement subsiste encore pendant quelque temps ; il porte le plus souvent alors ses effets sur le bas-ventre : l’enfant paroît atteint d’une fièvre continue putride. Mettez en liberté le cerveau au moyen des sang-sues, l’ordre des mouvemens est rétabli & l’enfant est guéri. On est quelquefois obligé, mais rarement, de revenir à ce moyen jusqu’à trois, quatre ou cinq fois de suite, afin de rétablir l’unisson entre la chaleur du front & celle du corps.

» Ce remède est plus nécessaire pour les garçons, & surtout pour ceux dont la tête est plus volumineuse ; chez eux l’engorgement est plus considérable ; leur dentition est plus difficile que celle des filles ; on en trouve sa raison en recherchant la différence des développemens, différence qui tient à celle des rapports des parties de l’un & de l’autre sexe.

» C’est depuis le neuvième mois jusqu’à trois ans passés, que ce remède est le plus nécessaire. Les enfans arrivés à trois ans ont franchi les premiers & les plus grands dangers de la vie ; & quand on a connu l’art de conduire l’enfance jusqu’à ce terme, il est facile de combattre, par les mêmes moyens, les désordres qui surviendront par la même cause, depuis cinq ans jusqu’à six ans & demi.

» Si la nature a subjugué l’engorgement, il reste une petite portion d’humeur qu’on appelle gourme, que la nature est plus ou moins lente à rejeter. On l’observe très-peu chez les enfans auxquels on a appliqué les sang-sues ; il est facile d’en trouver la raison. Il faut aider à la nature à donner issue à cette humeur âcre par la voie dont elle fait ordinairement choix. À cet effet on appliquera de temps à autre de petits emplâtres vésicatoires derrière le pli de l’oreille des enfans, le cerveau rejettera à l’extérieur ses impuretés & prendra plus d’énergie. On laissera tarir les écoulemens, on les rétablira de temps en temps, & ainsi l’on fortifiera les enfans par une gourme artificielle.

» Je crois ce moyen plus efficace, plus au gré de la nature, que les cautères sur d’autres parties, surtout sur celles éloignées de la tête. D’ailleurs les cautères entretenus habituellement, sont des couloirs par lesquels ils se fait évaporation d’un principe d’élasticité nécessaire à l’accroissement, mais surtout au développement de certains organes : aussi les enfans qu’on a sauvés par les cautères des dangers de la dentition, m’ont paru avoir une puberté plus tardive & moins vigoureuse.

» En publiant l’avantage pour la santé & pour la vie, de l’application d’une sang-sue derrière l’oreille des enfans lors de leur dentition, je n’aspire point au mérite d’une découverte ; je crois même que quelqu’auteur, qu’Hippocrate entr’autres, a prescrit ce moyen ; mais j’ose croire que personne n’a eu plus que moi le sentiment de son efficacité ; que nul ne l’a employé aussi fréquemment & n’a fait surtout une attention aussi particulière à la chaleur de la tête des enfans. J’ai été conduit à ce remède par une attention spéciale au développement successif