Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1796, tome 9.djvu/98

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

deur du soleil. L’opération sera encore plus simple si on étend ces cônes sur de larges toiles, parce que la rosée & la chaleur auront successivement plus d’action sur eux.

2. De la manière de semer. Dans les pays élevés, dans la région naturelle des sapins, & où subsistent déja des forêts de cet arbre, il est inutile d’y faire des semis, à moins qu’on ne veuille avoir un jour une forêt, où il n’en existoit pas auparavant ; alors c’est le cas de labourer très-serré le sol qu’on lui destine, afin de bien l’émietter. On ne craint pas de semer épais, sauf, à la seconde ou à la troisième année, d’enlever les pieds surnuméraires, & ainsi de suite quelques années après. Pour peu que le sol soit trop exposé au soleil, il est nécessaire de mêler à la graine de sapin, huit ou dix fois autant d’avoine que l’on sème tout à-la-fois. L’avoine en grandissant couvre de son ombre la graine, maintient la fraîcheur, & préserve du hâle la jeune plante à mesure qu’elle végète. Lorsqu’on veut récolter l’avoine, on la coupe au dessous de l’épi ; & le reste du chaume sert encore d’abri pendant l’année suivante ; alors la plante n’a plus besoin des soins de l’homme.

Aussitôt après qu’on a semé l’avoine & la graine de sapin, on herse rigoureusement, & on passe sur le champ, & a plusieurs reprises, la herse armée de fagots, afin que toute la graine se trouve bien enterrée.

Si on désire faire de semblables semis dans la plaine, je dirai : semez également l’avoine avec la graine de sapin, mais ajoutez autant de graine de genêt commun que de graine de sapin ; parce que, une fois que l’avoine aura été récoltée, l’abri ne sera pas suffisant ; dans ce cas, quatre parties d’avoine suffiront.

Lorsque j’indique le genêt commun, c’est parce que cet arbuste est très-commun, & qu’on peut facilement s’en procurer la semence. Si dans le pays on en trouve un autre & encore plus commun, on pourra tout aussi bien s’en servir. À mesure que les sapins croîtront, ils se débarrasseront, & détruiront sans retour les genêts qui ont protégé leur enfance.

Les amateurs se contentent de quelques pieds, soit pour former des groupes, soit pour les planter isolés. Ils ne réussissent jamais aussi bien dans cette dernière position, & ils s’élèvent peu. Leurs semis ont lieu dans des caisses & encore mieux dans des vases, dans des pots, parce qu’à la troisième année ils peuvent dépoter, mettre en terre & en place chaque pied, sans déranger & séparer les racines de leur terre. Ils remplissent les vases avec le terreau le plus consommé ; celui que l’on prend dans les troncs de saule & de noyer, &c. est excellent ; si on n’en a pas, on y supplée en faisant pourrir des feuilles, ou des gazonnées minces qu’on lève dans une prairie. Il est bon d’avancer la végétation pendant la première année ; c’est pourquoi on place le pot dans une couche, & lorsque la graine germe, on l’abrite des rayons du soleil dans le gros été, avec des paillassons, en observant cependant de laisser un grand courant d’air. Lorsque les couches sont placées contre un mur, on voit la plante s’alonger du côté opposé, & aller chercher le grand air ; mais si, pour la garantir de l’ardeur du