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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/15

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rendoit fréquemment chez lui, visitoit son herbier et prenoit des leçons de botanique. Ces deux hommes rapprochés de la nature par leurs goûts simples, conçurent l’un pour l’autre, en dissertant sur les productions du règne végétal, une estime mutuelle, une amitié qu’aucun événement n’a troublée. Leur liaison devint si étroite qu’ils faisoient presque tous les jours dans les riches campagnes du Lyonnois, des excursions pour herboriser, et qu’ils les poussèrent même jusques dans les montagnes du Dauphiné, où la grande Chartreuse les accueillit pendant quelques jours.

Déjà Rozier jouissait d’une grande célébrité parmi les savans, et il n’avoit encore publié aucun écrit sous son nom. Le premier qu’il mit au jour fut un excellent mémoire sur la meilleure manière de distiller les vins, et la plus avantageuse relativement à la quantité et à la qualité de l’eau de-vie. Turgot avoit fait proposer en 1767 ce sujet économique par la société d’agriculture de Limoges. Ce mémoire fut couronné.

Le second ouvrage qui sortit de sa plume fut sur la méthode la plus sûre de faire et de gouverner les vins de Provence, soit pour l’usage, soit pour leur faire passer la mer. Il remporta le prix à l’académie de Marseille, en 1771.

Quelques années après, Turgot parvenu au ministère, mettant toute sa gloire à faire des améliorations jusques dans les provinces françaises les plus reculées, l’envoya dans l’isle de Corse, pour y rechercher quels établissemens seroient utiles au commerce ; y établir une école d’agriculture, et enseigner aux Corses à perfectionner leurs vins et leurs huiles.

Rozier après avoir parcouru cette province avec cet œil observateur auquel rien d’utile et rien de vicieux n’échappe, se hâta, avant que de rien entreprendre,