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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/28

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employent, élèvent, nourrissent ou engraissent des bestiaux : et surtout ceux qui chaque année, leur font subir alternativement le régime de vivre au sec et au verd.

Si la cupidité, ou si l’on veut, l’industrie a rendu ce régime nécessaire, il n’en est pas moins vrai, que tous les ans les hommes sont forcés, par leur propre intérêt, de rendre hommage à la nature, en lui restituant divers bestiaux qu’ils lui ont ravis, les uns pour être engraissés, parce que de longs et pénibles travaux ont détruit leur vigueur, altéré leur embonpoint ou épuisé leurs forces ; d’autres, pour être refaits, parce que les fatigues, les mauvais traitemens les ont fait maigrir ou rendus malades ; d’autres, pour être préparés par les herbages à redonner des substances ou des forces que le régime domestiques a trop diminué ou fait disparoître.

À mesure que les hommes des campagnes ont connu et pu jouir des aisances de la vie sociale, et qu’ils ont cessé de cohabiter avec leurs bestiaux, ils ont en même-tems et dans la même progression, cherché à en augmenter et favoriser la domesticité. L’expérience du tems antérieur, l’exemple constant de certains animaux sauvages, l’intérêt même, ce grand mobile des actions humaines dans toutes les classes, n’ont pu servir à faire combiner l’aisance ou le mieux-être des cultivateurs avec l’état agreste de leurs bestiaux, que la nature indique si évidemment être celui qui donne et assure la santé, la vigueur, la durée de la vie et des services. Les paysans, au contraire, par un sentiment de pitié, de reconnoissance, de tendresse même ont élevé des toits à leurs bestiaux, presqu’aussi-tôt qu’à eux-mêmes ; et ils les y ont enfermés souvent avec plus de précaution que leur propre famille.

À peine aujourd’hui, le retour à une vie purement champêtre peut-il supporter quelques exceptions pour les animaux même qui

    ensemble le complément du traité. — L’ouvrage de Labergerie présente une suite de faits et des procédés qui servent de base au travail dogmatique de Gilbert.


    Le Verd, nourriture des animaux, a certainement la même origine que le Vert (couleur), qui s’écrivoit aussi par un d, auquel les grammairiens, les lexicographes modernes et l’autorité bien plus puissante de l’usage ont, depuis peu, substitué un t, pour concilier le masculin avec son féminin. Cependant comme ces deux mots ont une acception entièrement différente, que le premier est purement un substantif, que le d a l’avantage de conserver l’étimologie, que nous avons d’ailleurs le mot verdure dans lequel on ne peut pas changer le d, on a cru devoir le conserver dans Verd.

    Peut-être cette observation n’est-elle pas déplacée dans un Dictionnaire qui, pour n’être pas un dictionnaire d’orthographe, doit pourtant présenter les mots écrits de la manière la plus propre à en fixer pour jamais l’orthographe. Au reste, de la même manière rien n’annonce la pauvreté d’une langue comme cette multiplicité de mots écrits et présentant un sens différent.