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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1800, tome 10.djvu/379

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d’observer ce qui se passe dans une vigne abandonnée à elle-même : on y verra que le sol bientôt recouvert de plantes étrangères, acquiert de la fermeté et n’est plus que très-imparfaitement accessible à l’air et à l’eau. Le cep n’étant plus taillé pousse de foibles rejettons, et fournit des raisins qui diminuent en grosseur, d’année en année, et parviennent péniblement à maturité.

Ce n’est plus cette plante vigoureuse, dont la végétation annuelle couvroit le sol à une grande distance. Ce ne sont plus ces grappes de raisin bien nourries, qui nous présentoient un aliment sain et sucré. C’est un individu rabougri, dont les fruits, aussi foibles que mauvais, attestent l’état de langueur et de dépérissement où il se trouve ; qui a produit tous ces changemens ? le manque de culture.

Nous pouvons donc regarder la bonne qualité de terrein comme l’ouvrage de la nature : tout l’art consiste à le remuer, à le tourner à plusieurs reprises et à des époques favorables. Par ce moyen, on le nétoye de toutes les plantes nuisibles, on le dispose à mieux recevoir l’eau et à la transmettre plus aisément à la plante ; on fait pénétrer l’air avec plus d’aisance ; et, sous tous ces rapports, ou réunit toutes les conditions nécessaires pour une végétation convenable. Mais lorsque, par des spéculations particulières, on a intérêt à obtenir un vin abondant, et qu’à cette considération, on peut sacrifier la qualité, alors on peut fumer la vigne, donner au cep plus de rejettons, et réunir toutes les causes qui peuvent multiplier le raisin.


CHAPITRE II.

Du moment le plus favorable pour la vendange, et des moyens d’y procéder.

Olivier de Serres observe, avec beaucoup de raison, que si la vigne, au cours de son maniement, requiert beaucoup de science et d’intelligence, c’est en ce point de la vendange où ces choses sont nécessaires, pour, en perfection de bonté et d’abondance, tirer les fruits que dieu par-là nous distribue. Ce célèbre agronome ajoute que les récoltes de tous les autres fruits peuvent se faire par procureur, où autre intérêt ne peut advenir qu’en la quantité, demeurant toujours la qualité semblable à elle-même ; mais que la récolte du vin demande l’œil et la présence du propriétaire. C’est à la nécessité bien sentie de diriger et de surveiller toutes les opérations de la vendange, qu’il rapporte l’habitude où l’on est d’abandonner les villes pour se porter dans les campagnes, à l’époque de la récolte des vins.

Les tems ne sont pas éloignés, où nous avons vu que, dans presque tous les pays de vignobles, l’époque des vendanges étoit annoncée par des fêtes publiques, célébrées avec solennité. Les magistrats, accompagnés d’agriculteurs intelligens et expérimentés, se transportoient dans les divers