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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/113

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on l’abat sur la croupe ; on lui attache, par le moyen d’un cordon, les quatre extrémités sous le ventre ; on examine toutes les surfaces de la peau, en ouvrant la toison avec méthode et ordre : on commence par le cou près de la tête, on suit cet examen jusqu’à la croupe ; on ouvre la toison à quelque distance du lieu qu’on vient d’examiner, et l’on continue ainsi sur toutes les parties de l’animal, de manière qu’il ne reste pas un point qui n’ait été scrupuleusement examiné. On ne doit pas borner l’examen à une simple inspection ; il faut toucher la peau avec le doigt pour reconnoître si elle ne présente pas de l’épaississement, ou de la dureté.

Tous les moutons dans lesquels on reconnoit des signes de gale seront totalement séparés des moutons sains ; on les tiendra ainsi à part, jusqu’à ce qu’ils n’offrent aucunes traces de cette maladie.

La gale présentant des degrés différens d’intensité, elle ne doit pas être traitée toujours de la même manière.

Tous ceux qui auront peu de gale sur la surface du corps seront traités comme nous l’avons indiqué ; mais attendu que les moutons qui auront de grandes surfaces couvertes de gale ne pourroient supporter l’impression de l’huile empyreumatique grasse qu’il faudroit employer à forte dose sur une aussi grande étendue ; dans ce cas, on sera obligé de traiter cette surface par portion ; ainsi on commencera par n’humecter de cette huile que quatre à cinq pouces carrés ; le lendemain ou agira sur une autre surface, et ainsi de suite, jusqu’à ce que toutes les parties attaquées aient éprouvé ce traitement. On doit avoir attention que l’huile dont on se servira, pour cette opération, s’étende toujours un peu au delà des parties malades.

Lorsque la peau affectée de gale présente beaucoup de dureté et de sécheresse, elle doit être préparée pour recevoir l’action de l’huile dont il s’agit, qui autrement seroit sans effet. Cette préparation consiste à ôter, à l’endroit où est la gale, toute la laine qui le recouvre, à l’assouplir par des onctions de saindoux, et à la frotter fortement pour faire pénétrer cette graisse ; on la pince avec les doigts, on la gratte avec l’onglée de fer, et on racle bien toutes les parties. (Cette onglée sera décrite ci-après.) On ramollit ensuite la peau avec le saindoux, et on laisse cette graisse jusqu’au lendemain, époque où la peau est ordinairement assez souple pour y verser de l’huile.

Lorsque les moutons ont une gale étendue, elle ne seroit point entièrement guérie par une seule application d’huile empyreumatique.

Il arrive souvent même qu’elle reparoit dans de nouveaux endroits, ou qu’elle augmente sur les parties qui n’ont éprouvé que foiblement l’impression du remède. Alors on y revient, et on les attaque une seconde fois ; pour peu que l’on suive avec exactitude les effets de la maladie, et du moyen prescrit, la gale est bientôt guérie.

Manière de préparer l’huile empyreumatique pour la gale des moutons. On prend deux parties d’huile empyreumatique grasse, épurée des sels alcalins qu’elle contient ; on y ajoute une partie d’huile, à brûler et une partie d’essence de térébenthine ; on mêle bien le tout et on le conserve dans une bouteille bien bouchée. Plus ce remède est ancien, plus il est efficace.

Cette huile ainsi préparée doit être conservée dans une bouteille, qui en contienne une provision suffisante. La partie qu’on doit employer journellement, et que le berger doit porter ou qui peut être placée dans la bergerie, sera dans une petite bouteille de la contenance de quatre à cinq onces de liqueur.

Cette bouteille sera bouchée de manière à ce que la liqueur ne sorte que goutte à goutte. Pour cet effet, le bouchon sera échancré sur les deux côtés, et chaque échancrure portera un tuyau de plume ; ces tuyaux seront fermés par un petit bouchon de liège ; on ôtera ce petit bouchon, lorsqu’on se servira de la liqueur : elle coulera par un des tuyaux ; l’autre donnera passage à l’air extérieur dont la pression fera sortir l’huile par le tuyau opposé.

Le goulot portera une corde qui aura une anse pour suspendre la bouteille, soit dans la panetière du berger, soit à un des piliers de la bergerie.

description de l’onglée de fer. Elle consiste en une tige de six ou sept pouces de longueur, de la largeur d’un travers de doigt, et de l’épaisseur d’une ou deux lignes.

Une des extrémités aplatie de cette tige est recourbée à angle droit et dentelée, comme une scie. C’est de cette extrémité ainsi dentelée qu’on se sert pour gratter la peau du mouton affecté de gale. (Ch. et Fr.)


GARANTIE, (Jurisprudence médicale des animaux.)

Code civil, Liv. III, Sect. XI, décrété le 15 ventôse an 12.