Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/13

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’air et des eaux pluviales qui l’amendent. Dès qu’on y voit paroître quelque végétation, on peut le labourer, y semer des orges ou des avoines, enfin des blés fromens dont les étonnans produits dédommagent pendant long-temps des avances des premières années qui ont été sans revenu.

Prés salés, mésottes. Mais si les eaux de la mer, par un séjour trop prolongé sur la terre, nuisent à la végétation, elles la fécondent puissamment par des arrosemens modérés. Tout le monde connoît la fécondité des prés dits salés, autre part mésottes ou mirottes, que la mer couvre et découvre aux hautes marées ; l’herbe qui y croît nourrit, engraisse, fortifie les bestiaux, rend leur chair succulente. On sait encore combien la végétation est forte sur les bords de l’Océan, même dans les terrains les plus médiocres. Les hommes, comme les animaux, y sont plus forts, plus vigoureux, et semblent destinés à braver les fatigues et les dangers de l’élément qui les environne.

Il ne faut donc pas négliger un moyen aussi puissant, fourni par la nature ; et si l’on peut arroser à volonté le terrain, en y introduisant l’eau de la mer, on est certain d’avoir des prés, des pacages abondans, et qui jamais n’auront besoin d’être renouvelés par des engrais. Tout l’art consiste à tirer parti des moyens qu’offre la nature ; mais, pour cela, il faut les bien connoître.

Dans les départemens maritimes, où les salines sont abondantes, l’art peut imiter l’opération de la nature, en jetant sur la terre les sels de rebut dans le commerce, au moment des grandes pluies, ou lorsqu’on peut introduire des eaux douces sur le terrain.

C’est la seule expérience où le sel employé comme amendemens, (car ce n’est pas un engrais) ait paru produire de grands effets sur le sol. (Chassiron.)


ÉCHAUFFEMENT, (Maladie des animaux.) L’échauffement, dans le sens propre, est l’augmentation de la chaleur. On a donné à ce mot un sens médical, et le vulgaire, sur-tout, en fait usage fréquemment pour désigner une chaleur intérieure, qui, dans quelques circonstances, semble dessécher les entrailles et les membranes extérieures des animaux. On dit même que le sang est échauffé ; on donne aussi l’épithète d’échauffé à l’animal qui est constipé, qui rend des excrémens durs, secs. On exprime encore cette affection dans quelques cantons, en disant que la bile est recuite.

Dans ce qu’on appelle échauffement, la bouche est un peu plus chaude, plus sèche, la conjonctive et la membrane du nez sont un peu plus rouges, les mouvemens des lianes sont un peu plus accélérés, l’air expiré est un peu plus chaud que dans l’état sain ; la peau des ars est desséchée, sur-tout dans le mouton ; le berger fait sortir de l’anus, avec son doigt, des crotins desséchés, durs, et quelquefois teints d’un peu de sang : il vient alors, sur-tout aux chevaux, à toute la surface du corps, des petits boutons qu’on nomme Ampoules, Échauboulures, (voyez ces mots) ébullition de sang.

La constipation avec l’échauffement sont souvent accompagnés, dans la vache, de la dureté des alimens que renferme la panse, dureté que l’on reconnoît au moyen de la pression avec le poing sur le flanc gauche. La constipation dans les vaches et dans les bœufs, et sur-tout la couleur noire des excrémens, indiquent que les alimens contenus dans les feuillets y séjournent depuis long-temps, et qu’ils sont dans un état de dessèchement qui en rend la sortie très-difficile.

L’échauffement, dans l’espèce bovine sur-tout, est dangereux, lorsqu’il est accompagné du hérissement du poil sur les lombes, d’un pouls dur, petit et accéléré. (Voyez Charbon.)