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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/142

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jours à être cultivées avec le même soin, parce que, délaissées, elles retournent bientôt à l’état sauvage.

La plupart de celles qu’on sème pour leurs produits en racines, ne grènent pas dès la première année de leur végétation ; les semences de toutes les variétés de navets se ressemblent à peu près entre elles ; elles sont d’un brun foncé, vif, bien lisses à leur surface : jetées sur les charbons ardens, elles doivent pétiller et s’enflammer aisément ; ce double effet diminue à mesure qu’elles s’éloignent de leur récolte.

Un autre moyen de s’assurer de l’état récent de cette graine, comme de celui de toutes les semences émulsives, c’est de les écraser sous l’ongle ; elles fournissent une quantité d’huile assez remarquable, qui s’épaissit à mesure qu’elle vieillit, et, quand la semence a perdu sa qualité germinative, elle n’en rend plus du tout ; la substance intérieure, de blanchâtre qu’elle étoit, devient d’un jaune roux ; celle qui n’a pas atteint sa maturité est couleur fauve, et, eu lieu de se foncer avec le temps, elle jaunit et perd de son éclat. L’analogie des graines de choux avec celles de navets est si marquée, pour la forme et la constitution, qu’on peut, à l’aide des mêmes moyens, parvenir à juger de leur qualité ; et quoiqu’elles aient l’avantage de conserver long-temps la propriété germinative, leur grande tendance à rancir exige toujours l’emploi de la plus nouvelle.

On ne peut ni à l’inspection, ni au goût, décider sur-le-champ la qualité de la graine de carottes ; mais elle réunira les conditions désirables dès qu’elle aura du poids et un peu d’épaisseur, qu’elle se détachera aisément par un léger frottement des poils ou barbes dont elle est hérissée ; sans cette attention, on court les risques de semer plusieurs graines par paquets, et d’en mettre trop dans des endroits, tandis que d’autres n’en ont pas assez. Sa couleur est d’un gris de lin terne ; quand elle est tant soit peu jaune, elle n’en a pas moins de qualité, pourvu qu’elle ait un montant vif et parfumé, dans lequel on puisse saisir distinctement l’arome de la racine.

Ce n’est guères que sur la bonne foi des marchands qu’on peut prendre la graine de betterave, à cause de sa ressemblance parfaite avec celle de poirée ; cependant on observe que la première est plus grosse, mieux nourrie que la seconde ; son volume doit approcher de celui d’un moyen poids.

À l’égard du panais, la forme de sa graine est un peu aplatie ; cependant, en la pressant dans les doigts, on sent l’existence de l’amande, plus ou moins renflée ; elle est jaunâtre, et présente à la concavité une couleur mordorée ; quand elle est nouvelle, son odeur est très-forte et très-aromatique ; mais cette odeur se conserve plusieurs années, quoiqu’à un moindre degré, à la vérité. S’il est difficile de reconnoître à l’inspection la graine de carotte vieille ou nouvelle, la difficulté est bien plus considérable pour la graine d’ognon ; le seul caractère que l’on puisse indiquer, c’est que celle-ci est d’une couleur noire très-foncée, qui a quelque chose de vif et même de brillant, tandis que la couleur de l’autre est moins vive, plus terne, et qu’elle a perdu, en vieillissant, une partie de ce goût et de cette odeur alliacée que les organes exercés saisissent facilement, quand la graine est nouvelle ; mais l’insuffisance de ces caractères oblige de s’en rapporter sur ce point à la bonne foi du marchand.

Les semences des fruits mous et pulpeux qui appartiennent, par exemple, à famille des cucurbitacées, doivent être choisies parmi ceux qui ont dépassé le terme de la maturité, vu que leur chair est destinée à perfectionner la semence, laquelle produit ordinairement un fruit