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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/144

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violette ; elle se ternit et rougit en vieillissant ; elle lève encore deux à trois ans après sa récolte : il en faut quinze à vingt livres par arpent.

Des graines des fleurs. Si on veut conserver de belles races de fleurs, et acquérir des variétés intéressantes, il faut apporter un grand soin au choix de ces graines. Dans toutes les espèces dont les fleurs doubles ou semi-doubles produisent de la semence, il ne faut jamais recueillir celle des pieds à fleurs simples, qu’il faut détruire au contraire ; celui qui sèmeroit des graines d’œillets, de balsamines, et autres récoltées sur des pieds à fleurs simples, n’auroit presque jamais de fleurs doubles. Dans les espèces dont les pieds à fleurs simples portent seuls de la graine, comme les différentes variétés de giroflées, il faut toujours choisir les plantes les plus fortes, les plus vigoureuses, les couleurs les plus vives, les plus tranchées, les panaches les plus agréables.

Le semis est le grand moyen de gagner des variétés, et d’obtenir des fleurs doubles. La doublure parmi les fleurs n’est autre chose que le changement des étamines en pétales ; aussi a-t on remarqué que les fleurs les plus sujettes à doubler sont celles qui ont le plus grand nombre d’étamines, comme les rosacées, les renoncules : ces fleurs, qui font le charme des amateurs, sont regardées par les botanistes comme des monstres par excès ; à force de cultiver, de semer une graine, on parviens créer ces belles fleurs que nous possédons.

Ne nous lassons pas de semer, c’est le moyen d’opérer les plus belles métamorphoses ; c’est à cette bonne pratique que nous devons la diversité merveilleuse qu’on admire dans les jacinthes, dans les tulipes, les semi-doubles, les anémones, les auricules, les primevères, les œillets….

Graines d’arbres. Il convient que ces graines soient mûres, nouvelles, et produites, autant que possible, par des arbres qui aient atteint le maximum de leur force, parce que les premières semences fournies par des jeunes sujets sont souvent fausses. Celles de quelques espèces, telles que l’orme, les érables, le hêtre, demandent à être mises en terre aussitôt leur maturité ; mais le plus grand nombre au printemps. L’exposition du levant ou du nord est la plus favorable ; elle devient même nécessaire pour les pins, sapins, mélèzes, et pour tous les arbres verts en général ; comme plusieurs espèces ne germent pas la première année, on ne doit jamais se presser de retourner un semis d’arbres.

Les semis d’arbres fruitiers donnent des sujets intermédiaires entre l’état sauvage et l’état cultivé, et par-là plus disposés à l’opération de la greffe et au perfectionnement des races fruitières ; ils sont la voie la plus commune par laquelle les arbres se naturalisent, se multiplient et diversifient leurs espèces ; leur propension à dégénérer vient souvent du défaut de maturité des semences ; il faut donc les laisser long-temps sur l’arbre, avoir grand soin, pour les pommes et les poires, de ramasser dans un coin du fruitier celles qui pourrissent, pour en tirer les pépins, toujours préférables à ceux que on recueille sur la table ou qu’on va chercher au pressoir.

Les noyaux, les amandes doivent être pris sur des sujets excellons, et dont les fruits aient passé le terme de la maturité ; on les conserve en lieux frais, dans du sablon fin, ou de la terre tamisée. Vers le mois de décembre on les stratifie dans une cave, une orangerie, ou autre lieu dont la chaleur soit douce et tempérée ; et en avril, ces noyaux ou amandes sont distribués dans le terrain où ils doivent s’élever. Il faut conserver les noix, les châtaignes, dans leur