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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/158

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cablement et à des coliques par intervalles. Ces indigestions ont des suites trop funestes pour qu’on néglige d’y porter secours. Elles demandent qu’on supprime sur-le-champ tous les alimens ; qu’on donne pour breuvage des infusions de sauge en très-grande quantité, et qu’on ajoute dans chaque pinte une once de sel de cuisine et quatre gros de sel ammoniaque.

L’indigestion passée, elle est assez ordinairement suivie de diarrhées dans le cheval et dans le cochon. Pendant l’évacuation, l’on continuera l’usage de l’infusion de sauge, dans laquelle on se contentera d’ajouter un peu de sel commun.

Ces indigestions, au surplus, ne sont à craindre que lorsqu’on change la nourriture des animaux, et sur-tout lorsque ce changement a pour objet un aliment délicat, substitué à un autre qui l’étoit moins. Il faut encore prendre garde que ce que l’on appelle hivernage, c’est-à-dire, un fourrage dans lequel les pois, les lentilles abondent, et que les chevaux et les bêtes à cornes appètent beaucoup, est très-indigeste.

La pléthore sanguine s’annonce par l’amplitude des vaisseaux superficiels, par la dureté, l’embarras du pouls, par le développement de l’abdomen ; et, lorsqu’à tous ces signes se joignent la dureté de la peau, son adhérence aux parties qu’elle recouvre, la mauvaise teinte du poil et l’absence de l’humeur grasse des ars, on doit s’attendre aux plus grands accidens, si l’on ne se hâte, de prescrire, le plus promptement possible, la diète la plus absolue, la saignée et les lavemens purgatifs.

Cette pléthore sanguine porte, plus particulièrement dans le cochon, ses effets sur les intestins et sur la rate ; et il est rare que l’animal en réchappe, lorsqu’il est affecté de diarrhée. On ne sauroit trop prévoir les accidens qui arrivent dans l’engraissement de ces animaux, sur-tout lorsqu’ils viennent de loin et qu’ils ont souffert en route.

La spéculation d’engraisser des cochons a quelquefois causé la ruine de brasseurs et amidonniers de la capitale, parce, que la théorie de cette branche d’économie leur étoit absolument inconnue.

Les animaux dont les forces vitales et viscérales sont trop affoiblies doivent être remis en santé, avant que de faire usage des moyens capables de surcharger les entrailles de nourriture, et les vaisseaux de sang.

Les moyens de préparer le cochon à l’engrais sont de le faire reposer dans un toit sec et aéré, de lui entretenir une litière propre ; et, si les soies sont ternes, piquées, garnies de lentes, que les poux courent sur la peau, que celle-ci soit dure, sèche, écailleuse, il faut tondre l’animal ou le raser, le frotter avec une éponge imbibée d’une forte décoction de son tiède, et continuer ces fomentations jusqu’à ce que la peau soit mette et souple. Quant aux alimens, ils doivent être de facile digestion, cuits et donnés en petite quantité, une fois seulement le matin ou le soir. Pour peu que les excrémens soient durs et secs, il faut donner, matin et soir, un lavement d’eau de son.

On continuera ce régime et ces soins jusqu’à ce que l’animal soit très-libre dans ses mouvemens, et très-gai ; jusqu’à ce que les matières fécales soient de bonne qualité, les urines épaisses et la peau propre et souple ; alors on ajoutera peu à peu une partie de la nourriture avec laquelle on se propose de la pousser à l’engrais ; et enfin, on parviendra, sans contrainte et sans secousse, à lui donner des rations copieuses, dont il profitera comme on le souhaite.

Il y a des bêtes à cornes, des vaches surtout et des moutons, qui n’engraissent jamais, quelqu’aliment qu’on leur donne : ce sont celles qui sont ce que l’on appelle brûlées, c’est-à-dire celles qui ont les plèvres adhérentes, des maculations sur la surface extérieure des poumons, des indurations et des désorganisations quelconques de la substance de ce viscère. Il y a encore un autre genre d’altération qui s’oppose à l’engraissement : ce sont ces sortes de lésions qui tiennent à la texture générale du poumon. Cette lésion consiste dans la foiblesse des vaisseaux aériens et sanguins qui composent cet organe ; elle est telle, que le poumon ne peut revenir sur lui-même avec la force et l’activité nécessaires, d’où il résulte que l’expiration est imparfaite ; en sorte que le sang, mal travaillé par cet organe, n’est pas propre à la nutrition des parties, et encore moins à l’engrais.

Il est des bœufs de la sorte qui ne prennent jamais la graisse ; quand on les retire des meilleurs pâturages, ils ont la peau d’un bleu ou d’un gris plombé, ce qu’on apperçoit en relevant les poils au ventre, sur les côtes, surtout dans les endroits où les poils ont une teinte claire : ces bœufs sont appelés bœufs faillis. Il n’en est pas de même des bœufs qui ont les maniemens très-bons, et qui paroissent maigres aux yeux des personnes qui ne sont pas