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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/186

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l’opérateur et un aide feront à la peau un pli dont la direction soit transversale avec celle de l’incision projetée. Ce pli étant fait, l’artiste pratique, d’un seul coup de bistouri, une incision longue de deux pouces. Il dissèque ensuite et découvre le bord postérieur de la glande parotide, le séparant des parties auxquelles il adhère ; et il introduit le doigt index dans l’ouverture. Il s’assure, avec le bout du doigt, de la tubérosité de l’os hyoïde, et de la direction d’un petit muscle plat qui s’attache à cette tubérosité, et qui vient de l’apophyse styloïde de l’occipital. Ce muscle est le stylo-kératoïdien. La poche gutturale est sous ce muscle. Pour parvenir dans cette poche par l’endroit le moins dangereux, il s’agit de plonger le bistouri dans le muscle stylo-kératoïdien ; la lame suivant la direction de ce muscle, le dos du bistouri touchant le bord de la parotide et tourné du côté de la tubérosité de l’os hyoïde, le tranchant regardant la crinière. Avant de ponctuer, on fait étendre la tête de manière qu’elle suive le plus possible la direction de l’encolure, ce qui fait que les branches de la carotide et les nerfs qui passent en cet endroit s’écartent du lieu de l’incision. Cette position étant prise, on plonge le bistouri un peu obliquement de derrière en avant, et le manche un peu incliné vers le garrot du cheval, ce qui fait qu’on évite de pénétrer à côté de la poche, autrement on pénétreroit seulement dans le tissu qui est en arrière, ou l’on seroit exposé à couper les vaisseaux et les nerfs très-nombreux dans cette partie, qui sont plus supérieurement, dans un tissu qui les fait adhérer aux muscles qui accompagnent la partie inférieure du corps des vertèbres.

La ponction faite, la matière sort, mais toujours imparfaitement. Pour en procurer l’évacuation complète, il faut faire une contre-ouverture. Elle s’exécute en faisant pénétrer dans la poche, par l’ouverture qu’on vient de faire, une sonde courbe que l’on dirige vers la partie inférieure de l’encolure, près de la ganache. On pousse cette sonde de manière à ce que le bout soit apperçu sous la peau. Mais il faut diriger le bout de la sonde à côté de l’une des deux branches de la jugulaire, pour ne pas couper l’une ou l’autre. Le bout de la sonde étant donc saillant vers l’endroit de cette division, il faut inciser la peau de devant en arrière, sur le bout même de la sonde. L’ouverture doit être assez grande pour que la matière sorte librement. Cependant s’il y avoit quelque obstacle, c’est que la matière seroit grumeleuse. On la délaieroit en injectant avec une seringue de l’eau tiède dans la poche. On passe ensuite dans la poche une mêche qui entre par la contre-ouverture et sort par la première ponction. Les deux bouts s’attachent l’un à l’autre en dehors ; et l’on a soin de déterger pendant quelques jours, en injectant par la première ouverture de l’eau qui sortira par la seconde.

Du reste, on doit faire le traitement qui convient à la maladie essentielle. D’ailleurs, il ne faut pas confondre le soulèvement des parotides dû à un engorgement catarrheux de la membrane interne des poches et à l’inflammation des tissus environnans, avec l’état des poches qui sont remplies de matière. (Voyez Gourme, Angine ou Squinancie, Morve.)

La trachéotomie et l’hyovertébrotomie sont de ces opérations étonnantes, dont l’effet est de sauver, dans l’instant même, un cheval qui seroit près de périr d’une espèce de suffocation.

Elles ont été faites un grand nombre de fois, et avec succès. (Ch. et Fr.)