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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/221

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serrer de pareil linge ? Or, cette humidité visqueuse et alcalescente est dissoluble dans l’eau, sur-tout lorsque le linge en est récemment pénétré, et rien de plus facile alors que de l’en déterger : l’eau de puits suffit. On y trempe son linge, on l’y frotte à la main, on l’exprime, on le passe à une seconde eau, de laquelle on le retire en le froissant et l’exprimant de nouveau pour le mettre sécher au grenier : alors on peut le garder en fagots ou en faisceaux, et attendre le moment de la lessive.

On échange la totalité du linge à la maison et à l’eau ; on n’échange au savon ni le linge de corps, ni le linge de cuisine ; on emploie indifféremment de l’eau de puits, si l’échangeage se fait partiellement.

Je n’admets que cet échangeuse partiel. Attendre jusqu’à la veille de son blanchissage, pour échanger son linge, n’est pas d’une bonne ménagère. Il faut échanger au fur et mesure, au moins toutes les semaines. La ménagère négligente qui aura attendu la veille de sa lessive, procédera comme elle l’entendra à cette opération ; si elle multiplie les difficultés, qu’elle sache les vaincre. Elle ne peut pas échanger à l’eau de puits, et le savon lui devient indispensable. Cependant nous capitulerons sur ce point avec le propriétaire rural, qui ne peut disposer que d’eau de puits.

Du passer à la lessive. Le linge partiellement, et dès lors anciennement échangé, on le plongera la veille dans de l’eau douce pour l’imbiber complètement ; retiré de l’eau, on le laissera égoutter : le linge échangé et égoutté, on l’étend dans un cuvier fort ordinaire, par fagots minces, que l’on arrose à froid de la lessive que nous allons faire connoître.

On place le linge fin au fond et successivement le plus gros dessus, pour mettre celui de cuisine à la surface. Cet ordre est inverse de celui dans lequel on arrange le linge dans le cuvier, par le procédé usité : on en verra la raison.

Le col et les poignets des chemises, si le linge est extrêmement fin, peuvent se frotter légèrement dans une portion de lessive qu’on réserve a cet effet. On y frotte également les torchons, ce qui tient lieu de l’échangeage au savon.

Composition de la lessive pour blanchir à la vapeur. La lessive, pour ce blanchissage, est composée de carbonate de soude cristallisé, ou sel de soude cristallisé, douze livres.

Savon, une livre.

Eau douce, cent livres, (cinquante pintes ou cinquante litres.)

Du degré de la lessive. Ces proportions donnent à l’aréomètre des sels six degrés environ. Mais, avec la quantité d’eau que le linge échangé et égoutté apporte à notre lessive, elle tombe à deux degrés, ce qui fait une lessive molle et douce. Quant au degré des lessives ordinaires, il est difficile de le fixer, ainsi que d’en calculer la causticité ; d’ailleurs, ce sont des muids de lessive qu’on emploie, ce qui absorbe en pure perte une grande quantité de sels lixiviels qu’on jette lorsque la lessive est coulée, au lieu que nous n’employons que la quantité relative au linge à blanchir.

De la préparation de la lessive. Le carbonate de soude se dissout à l’eau froide, le savon s’y dissout également ; mais, si l’on mêle les deux solutions à froid, le savon caillebotte. En conséquence, on fait dissoudre le savon dans cinq pintes d’eau qu’on met sur le feu ; on y ajoute peu à peu, et en agitant, dix pintes de la solution de sel de soude ; alors on peut, sans l’inconvénient du caillebottage, faire le mélange au fur et à mesure.

Lorsque nous prescrivons l’emploi du carbonate de soude, le sel de soude cristallisé, nous motivons la préférence que doit avoir cet alcali sur la potasse : mais,