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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/223

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on l’y laisse macérer pendant la nuit. Macérer, c’est faire tremper à froid.

De la mise du linge dans le cuvier à vapeur. La veille a été employée au trempage du linge anciennement échangé, ainsi qu’au passer du linge à la lessive, ce qui n’exige que deux ou trois heures ; la nuit est employée à la macération, le second jour terminera notre blanchissage, fût-il de deux mille pesant de linge.

Nous avons dit que le linge mis dans le cuvier à vapeur conserve les deux tiers de lessive, et que l’autre tiers coule dans la chaudière, pour y entrer en ébullition et alimenter la vapeur. Ainsi le cuvier est rempli, et il peut ne pas l’être ; on le couvre de son couvercle, on allume le feu ; la lessive qui égoutte dans la chaudière ne tarde pas à bouillir ; et la vapeur, ainsi que la chaleur, se répandent à l’aide des conduits de vapeur distribués dans le centre et sur les côtés du cuvier ; et bientôt elles inondent toute la masse, de la base au sommet. Le temps du séjour est proportionné à la quantité de linge. Dans le grand appareil, il faut environ cinq heures ; dans le second, il en faut quatre ; et trois dans le troisième : dans le petit appareil portatif, une heure et demie suffit. Enfin, le plus ou moins de séjour dépend de plusieurs petites circonstances qui ne permettent pas de le fixer d’une manière rigoureuse ; mais on doit supprimer le feu, lorsque la chaleur avant gagné le haut du tonneau, la superficie a été l’espace d’une demi-heure dans le bain de vapeur. Ce temps suffit pour les mouchoirs qui sont à la surface et que l’on retire, ainsi que le linge fin qui est immédiatement au dessous ; car nous mettons dans le même cuvier le torchon de cuisine et le fichu de batiste, l’un au fond et l’autre à la surface, et chaque pièce est aussi isolée que si elle étoit à part. Elle est entrée dans le cuvier avec sa juste proportion de lessive et de savon, et le linge le plus fin est bien mieux soigné que dans ces savonnages faits exprès pour lui, et dont il sort toujours plus ou moins terne, tandis qu’il sort de notre cuvier d’une éclatante blancheur.

C’est par les mouchoirs et le linge fin qu’on commence le retirage ; on retire successivement le reste du linge, qui se conserveroit brûlant pendant la nuit entière, et sans nul inconvénient, si l’opération s’étoit faite le soir au lieu du matin.

Du retirage. On porte le linge, au sortir du cuvier, à la fontaine ; on le lave à petite eau en le frottant légèrement, et l’exprimant on le dégorge à grande eau, dont on le retire pour l’égoutter et le transporter à la maison. Point de battoirs, encore moins de brosses ; point de torsion, laisser égoutter, et, de préférence, passer le linge à la presse.

Du savonnage. On donne a la buandière un morceau de savon pour la recherche seulement de quelques taches, et il est rare que le linge en ait conservé, en sortant du bain de vapeur. On cessera d’être étonné de ce que cette opération exige si peu de savon. Où le mettre ? Telle a été la réponse des buandières, à la première expérience qu’elles firent d’un savonnage sans presque de savon. En effet, le linge en est pénétré jusqu’au dernier filament. Or, c’est la manière de l’employer et d’appliquer le savon qui en assure le bon effet.

Des savonnages domestiques. Le savonnage du linge, que sa finesse ne permet pas de hasarder à la lessive ordinaire, tel que la mousseline, la batiste, etc., est, pour les femmes, l’objet d’une forte dépense, sur-tout depuis qu’elles ont généralement adopté le blanc dans leur habillement ; mais il est aussi l’objet de beaucoup de soins et d’embarras