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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/225

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de la quantité du linge, de son plus ou moins grand degré d’encrassement ; une demi-heure d’ébullition suffit dans le petit appareil dont il s’agit, pour inonder l’intérieur du cuvier de vapeur, on y tiendra le linge pendant environ une heure, à une douce ébullition de la chaudière ; car, ici le temps fait à la chose.

Du retirage. On retire le linge, on l’examine pour le passer à l’eau : si une tache a pu échapper à la lessive, on la recherche avec un peu de savon ; enfin, on frotte, on froisse le linge à la main, pour le bien dégorger de sa lessive, et on l’égaie dans plusieurs eaux. On ne le passera point au bleu sur-tout si on préfère à cette teinte, qui n’a guères pour objet que de farder le linge, ce blanc de lait et cet éclat du lin blanchi à la vapeur. Admettons un savonnage composé de soixante pièces de linge, vingt grandes de vêtemens, cinq robes et quinze chemises ; les robes sont du poids de quatorze à quinze onces ; les chemises de cinq à six onces, plus, quarante petites cravates, fichus, etc., du poids de six gros : c’est au total douze livres. Ces douze livres échangées nous apportent douze livres d’eau ; il nous faudra douze livres ou six pintes de lessive dans les grands blanchissages ; la proportion de lessive est de moitié du poids du linge sec, et conséquemment du quart du linge échangé et égoutté ; mais ici la proportion change, nous n’avons que quatre pintes à fournir à la chaudière. Nous prenons donc :

Eau, six pintes ou douze livres.

Carbonate de soude cristallisé, une livre quatre onces ; ou potasse blanche de Russie, une livre.

Savon, une once deux gros.

Le prix de ce savonnage, ou plutôt de ce blanchissage, est de vingt-quatre à vingt-cinq sous, y compris le bois ou charbon, et trois ou quatre heures l’ont terminé. Je laisse aux femmes à calculer ce qu’un tel savonnage, fait chez elles, eût coûté de bois, de savon, de temps, de peine et d’embarras, sans compter l’avantage de la blancheur. On l’eût payé à une blanchisseuse en fin, de quatorze à quinze francs.

Observations sur les moyens de se procurer l’appareil. La gravure que nous donnons ici suffit pour diriger dans la construction du fourneau.

Le cuvier, les conduits de vapeur, peuvent se faire par tout tonnelier et mentissiez.

Il n’y a que les chaudières qu’il faut se procurer à Paris. Quant aux deux petits appareils, l’un suffisant pour le blanchissage complet d’un petit ménage, et l’autre destiné à suppléer aux savonnages de linge fin, il faut en tirer les fourneaux de Paris ; ces fourneaux sont en tôle et d’une construction toute particulière. L’un et l’autre de ces fourneaux deviennent bien précieux pour l’économie domestique : on peut les appliquer à tous les usages. Enfin, il suffit de savoir que, dans les expériences que nous avons faites avec un de mes fourneaux, cent vingt pièces de linge, tenues pendant trois heures en bain de vapeur, n’ont employé que dix livres pesant de bois, c’est-à-dire pour moins de quatre sous. J’ajoute que ce fourneau, susceptible de se transporter, peut échauffer une pièce, pour quelques heures, avec deux sous de bois ; il est douteux qu’on puisse ajouter à cette économie de combustible : ainsi ce fourneau, ne fût-il pas destiné à notre blanchissage, il n’en deviendroit pas moins le fourneau de tous les ménages[1].

  1. Le dépôt de ces fourneaux et de tout ce qui a rapport à l’appareil du blanchissage à la vapeur, est chez M. Berte jeune, et Compagnie, rue Grenier-Saint-Lazarre, n°. 606, à Paris. Il