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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/232

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jeune, et l’est d’autant plus que les deux os sont plus séparés. » Un autre moyen de s’assurer de la jeunesse d’un levraut trois quarts, ou qui est parvenu à sa grandeur naturelle, consiste à lui écarter les oreilles l’une de l’autre ; si la peau se relâche, c’est signe que l’animal est tendre et jeune ; mais si au contraire elle tient ferme, on est assuré que ce n’est point un levraut, mais un lièvre dont la chair est ordinairement dure et sèche. L’âge où le levraut fournit un aliment plus délicat et plus succulent, est celui de sept à huit mois.

Chasse du Lièvre. Cette chasse se fait de quatre manières principales : 1°. aux chiens courans dans les bois ; 2°. en plaine avec les chiens couchans ou d’arrêt ; 3°. en plaine avec les lévriers ; 4°. avec les oiseaux de vol.

La première de ces chasses, faisant partie de la Vénerie, on la trouvera décrite à ce mot.

Ce que j’ai dit à l’article Chasse suffit pour faire connoître la seconde, ainsi que la troisième.

Enfin la quatrième chasse tient à l’art et à l’appareil de la fauconnerie, qui n’est point de nature à entrer dans le plan de cet Ouvrage.

Les autres manières de chasser, ou pour mieux dire de prendre les lièvres, sont dédaignées par les vrais chasseurs, et ne sont guères mises en usage que chez les braconniers et chez les tueurs de profession, qui chassent plutôt pour le profit que pour le plaisir. Telles sont :

L’affut, soit à la lisière d’un bois, soit, en été, au pied d’un arbre ou d’un buisson, près d’un champ isolé et ensemencé en orge, en avoine ou en maïs ; soit enfin au clair de la lune, dans un endroit du bois où plusieurs chemins se croisent.

La raie, pendant l’été, lorsque les blés sont en tuyau, depuis le lever du soleil jusqu’à huit ou neuf heures du matin, et le soir, deux heures avant le coucher du soleil : deux chasseurs longent une pièce de blé, chacun par un bout opposé, en marchant doucement à la rencontre l’un de l’autre. S’ils font lever un lièvre, il suivra la raie du champ, par l’habitude qui lui est naturelle de ne point s’écarter des sentiers battus, et il s’approchera assez de l’un des deux chasseurs pour essuyer son feu.

La battue dans les campagnes où les lièvres sont communs, et en temps de neige. Des hommes et des enfans, armés de bâtons et rangés en demi-cercle, parcourent la plaine, battent les buissons, et poussent devant eux les lièvres qui vont tomber sous les coups de plusieurs tireurs placés en embuscade.

Le gîte. Il faut de l’habitude pour découvrir un lièvre au gîte ; un petit nuage de vapeurs qui s’élève au dessus, le fait reconnoître à des yeux exercés. L’on ne doit pas aller droit vers le lieu où l’on a vu ces vapeurs, mais on en approche en tournant et sans s’arrêter jusqu’à ce qu’on soit à portée de tirer le lièvre.

Le collet ou lacet que l’on fait avec du laiton simple, s’il est assez gros, et dont on tord plusieurs fils ensemble, s’il est trop foible. (Voyez au mot Collet.) Lorsque celui qui veut se servir de ce piège s’aperçoit, en visitant les haies et les buissons voisins des champs ensemencés, qu’un lièvre y a passé, en y laissant de son poil, il ne manque pas d’y tendre un collet, et il l’attache à une branche du buisson la plus proche de la passée ; il a soin de s’avancer contre le vent et de frotter ses mains et le collet avec du blé vert, du serpolet, du pouliot, ou même avec du crottin de lièvre s’il en trouve à sa portée, afin que le gibier n’ait point le sentiment de l’embûche qu’on lui prépare. Si le trou par lequel le lièvre a passé n’est pas rond, et a plus