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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/239

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les vers qui s’y engendrent. Cependant on leur donne aussi du pain de chènevis ou de la graine de pavot. Comme elles se propagent quelquefois dans ces demeures artificielles à un si haut degré, qu’elles ne pourroient plus y prendre leur développement ordinaire, on est obligé de construire trois fosses, une pour le frai, une seconde pour l’alvin, et une troisième pour les loches destinées à la cuisine.

Pêche de la loche. Les Hameçons, la Nasse, l’Échiquier, la Louve, (Voyez ces mots) et tous les filets légers sont propres à cette pêche. (S.)


LOIR et LÉROT. (Myoxus glis et myoxus nitela Lin.) quadrupèdes rangés, par M. Linnæus, dans l’ordre et le genre des loirs. (Voyez les caractères génériques au commencement de l’article du Lièvre.)

Le premier de ces quadrupèdes est presque aussi gros que l’écureuil ; son poil est cendré sur le corps, et blanchâtre en dessous ; ses oreilles sont petites et ses moustaches longues ; de grands poils couvrent sa queue. La tête plus petite, le museau plus pointu, la queue presque rase et terminée par un pinceau de longs poils, la couleur d’un gris fauve, plus foncé en dessus qu’en dessous ; enfin, une bande noire qui traverse les yeux, sont les traits par lesquels on distingue le lérot.

Ces deux animaux se ressemblent autant par les habitudes que pas les formes ; ils entrent en chaleur au printemps, et produisent en été cinq ou six petits dont accroissement est fort prompt. Tous deux s’engourdissent pendant la froidure de l’hiver ; leur réveil est également funeste aux plantations, par la quantité de fruits qu’ils dévorent ; mais ils semblent s’être partagé un véritable empire de dévastation ; le loir, en se chargeant de nuire aux forêts qu’il habite de préférence, et le lérot, moins solitaire et plus hardi, en ravageant les vergers et les espaliers ; l’un infeste le domaine de la nature, l’autre se déclare l’ennemi de l’art, et porte ses dégâts au sein des plantations que l’industrie de l’homme a formées avec le plus de peine, et de dépenses, et qu’elle entretient par des soins non interrompus.

C’est aussi contre le lérot que se sont dirigées principalement les embûches et les armes des cultivateurs. S’ils veulent conserver les plus beaux fruits de leurs jardins, ils doivent déclarer à cet animal destructeur une guerre sans relâche, particulièrement à l’époque où les fruits mûrissent, car il est le premier à en goûter. Le vif incarnat et le suc délicieux de la pêche, cette reine des desserts, l’attirent de préférence, et il la ronge avant qu’elle soit en état d’orner et de parfumer nos tables. Des fruits, il passe aux légumes, et il entasse les pois et les haricots dans les creux de murailles ou d’arbres qui lui servent de demeure.

Si la chair du lérot pouvoit se manger comme celle du loir, la gourmandise, qui est aussi une puissance dévastatrice, imagineroit mille moyens pour tenir dans sa dépendance une espèce qui cesseroit d’être nuisible, dès qu’elle auroit été privée de sa liberté. C’est ainsi que les loirs étoient rares et, peu dangereux pour l’agriculture, chez les Romains qui en faisoient un mets de luxe. Les lois portées par les censeurs et le consul Scaurus, avoient mis un frein à cette sorte de faste qui paraît fort extraordinaire en France ; s’il pouvoit y devenir à la mode, nos forêts seroient débarrassées, en très-grande partie, d’acharnés dévastateurs ; et, comme cette fantaisie produiroit un effet salutaire, il n’est pas inutile de rappeler la manière que l’on employoit à Rome, pour nourrir et engraisser les loirs.

On les mettoit dans des espèces de garennes entourées de murailles, dont le côté intérieur étoit poli avec soin, ou parfaite-