Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§. IV. Variétés dans la race des mérinos. On remarque dans la race des mérinos plusieurs variétés qui diffèrent entr’elles par des signes ou des propriétés caractéristiques. Les troupeaux sont ordinairement composés d’individus qui se distinguent par une qualité particulière ; tels sont ceux des troupeaux de l’Escurial, de Guadeloupe, de Paular, du duc de l’Infantado, du comte de Montarco, et de celui de Negrette. La race de l’Escurial est regardée, sous le rapport de la finesse des laines, comme la plus parfaite de toutes celles qui constituent les nombreux troupeaux voyageurs d’Espagne. Les animaux du troupeau de Guadeloupe sont remarquables par les belles proportions de leur corps, et par l’abondance et la finesse de leurs laines. La variété de Paular est également douée de ces deux dernières qualités ; et elle diffère des races précédentes par un chanfrein fortement busqué, et par un fanon long et ridé ; les brebis ont le corps un peu allongé. Les agneaux de cette race, et ceux de la race de l’Infantado, naissent ordinairement avec un poil grossier qui se change en laine très-fine. Le troupeau de Negrette est composé des individus les plus corpulens et les plus forts en taille de toute l’Espagne.

La variété, à peau plissée, que l’on trouve dans plusieurs troupeaux de mérinos, est vraisemblablement la seule de ce genre qui existe dans l’espèce du mouton ; elle a ordinairement un fanon pendant et allongé, dont les plis s’étendent au dessus du cou. Les plis couvrent dans quelques individus, non seulement le cou, mais ils s’étendent encore sur les épaules, sur les cuisses, et même sur les côtés et au dessous du ventre. Ils sont dirigés du haut en bas dans un sens vertical, et leur ampleur est plus considérable dans les parties inférieures. Cette multiplicité de plis donne un air particulier à ces animaux. Nous en avons vu un assez grand nombre dans les troupeaux sédentaires de l’Estramadure ; on les préfère aux autres, par la raison qu’à taille égale ils donnent beaucoup plus de laine. Si l’on développe la toison de deux moutons de taille et de grosseur égale, on trouvera que celle qui provient d’un mouton à peau plissée occupera une plus grande surface, et donnera une quantité de laine plus considérable.

Nous conseillons aux cultivateurs de donner la préférence à cette variété, lorsqu’ils pourront se la procurer ; elle est presque inconnue en France. Il est fâcheux qu’on n’en ait pas fait entrer un certain nombre dans les dernières extractions de mérinos qui ont eu lieu pour la France.

Un caractère qui distingue les mérinos, c’est d’avoir la peau unie et légèrement teinte en rouge ; les filamens de leur laine, contournés en spirale, sont très-rapprochés les uns des autres, et imprégnés d’une grande abondance de suint. C’est par cette raison que la laine des mérinos se charge facilement de poussière et d’autres ordures, et qu’elle conserve habituellement un coup d’œil grisâtre et une saleté qui disparaissent ou lavage. Elle acquiert, après cette opération, un grand degré de blancheur. La toison des mérinos est tassée de manière qu’il s’y forme des interstices, lorsque l’animal fléchit le corps. Leur taille, qui varie beaucoup, est communément de six décimètres ; ils ont le corps ramassé, les jambes courtes, la tête grosse, les cornes longues et en spirale, le museau peu allongé et le chanfrein arqué, leur laine, d’une longueur médiocre, est frisée, très-fine, douce, élastique, couvre presque toute la tête, et descend jusque sur le sabot.

§. V. Prééminence des mérinos sur les autres races de moutons. La prééminence des mérinos sur les autres races