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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/284

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On peut même se servir des eaux de puits, ainsi que cela se pratique dans tous les lavoirs aux environs de Séville ; mais alors le lavage ne peut être aussi parfait.

L’étendue de l’emplacement doit être proportionnée à la quantité de laine qu’on se propose de laver annuellement ; car il est nécessaire que les magasins soient assez vastes pour contenir les laines envoyées au lavage, et que les séchoirs aient une dimension suffisante pour recevoir la laine à mesure qu’elle sort du lavoir, de manière à ce que le travail des ouvriers ne souffre aucune interruption.

Le lieu où s’exécute le triage doit être très-éclairé, afin que les ouvriers puissent facilement distinguer les différentes qualités de laines dont la toison est composée ; il doit être situé vis-à-vis les cuves, afin que le transport soit plus expéditif et plus commode. Le fond de ce local peut servir de magasin pour l’entassement des toisons. On construira une pièce destinée à emmagasiner les laines après les emballages. Elle servira en même temps de local pour emballer les laines.

Le lavoir proprement dit est la partie qui demande à être construite avec plus de soin et d’exactitude, afin que le travail puisse être exécuté d’une manière commode et expéditive. Nous allons donner le dessin d’un lavoir que nous avons pris sur les lieux. Il diffère, en quelques points peu importans, de celui que nous avons donné dans notre Traité des bêtes à laine d’Espagne. Cette construction varie effectivement dans les différentes parties de l’Espagne, mais le principe est par-tout le même ; il est appliqué selon les localités, l’emplacement, ou l’habitude. Il est, par exemple, nécessaire d’y apporter quelques changemens, lorsque, au lieu de se servir d’une eau courante, on emploie celle d’un puits. Nous indiquerons, dans le dessin, les deux genres de construction, afin que chacun puisse employer celle qui sera la mieux adaptée à ses besoins.

Les différentes parties qui entrent dans la construction d’un lavoir sont le puits à roue indiqué par la lettre A. (Voyez Planche IV). Le puits sert à fournir l’eau nécessaire au lavage des laines. Ce n’est qu’au défaut de sources ou d’eau courante qu’on établit ces sortes de puits. Ils se nomment en Espagne norias, et sont pareils à ceux que l’on construit dans nos provinces méridionales, pour l’irrigation des jardins. Cette machine hydraulique est très-simple, peu coûteuse, et fournit une grande quantité d’eau. Comme il faut un courant d’eau assez considérable dans un établissement où le lavage s’exécute en grand, on emploie d’ordinaire à l’extraction de l’eau quatre ou cinq mules qui se succèdent sans interruption l’une à l’autre. La roue à chapelet élève l’eau et la déverse dans un réservoir B. Ce réservoir porte trois mètres et demi (onze pieds de large) sur cinq de long ; il est profond de quatre mètres et demi ; (quatorze pieds) l’eau qu’il contient entre dans le canal où se fait le lavage des laines, par un conduit indiqué dans la partie L. On voit en b un petit réservoir établi au dessus du grand réservoir ; il est destiné à fournir l’eau nécessaire au remplissage de la chaudière C, et des cuves EE. Comme le niveau de l’eau contenue dans le grand réservoir se trouve, dans le cours du lavage, au dessous des bords de la chaudière, ou de ceux des cuves, on a établi le réservoir supérieur b, afin de pouvoir conduire l’eau dans ces deux parties du lavoir, chaque fois qu’il est nécessaire.

Ce réservoir, qui reçoit l’eau de la noria par le moyen d’un chéneau en bois c, peut être construit en planches ; et il suffit de lui donner un mètre sur