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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/300

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(Voyez ce mot.) Cependant il paroît que, par appelans proprement dits, on doive plutôt entendre tous les oiseaux captifs dont la voix sert à appeler ceux de leurs espèces, comme dans les chasses aux becfigues, aux cailles, aux canards, aux perdrix, aux ortolans, etc., et que les moquettes soient les oiseaux ou réels ou même factices, dont la vue seule et les mouvemens produisent le même effet. Voyez, aux différentes chasses d’oiseaux, celles où l’emploi des moquettes ou des appelans est convenable ou nécessaire. (S.)


MORVE, (Maladie des chevaux, ânes, mulets.) Nous allons exposer quelques faits sur la contagion de la morve ; nous placerons, à la suite, des observations sur ses causes, ses espèces et son traitement.

Premier fait. Un poulain élevé au lait de vache, qui a eu une gourme bénigne à six mois, qui a été nourri au sec, mangeant foin, paille de froment et avoine, qui, jusqu’à ce jour, a été constamment avec des chevaux morveux au dernier degré, et qui est aujourd’hui âgé de deux ans, n’a jamais montré le moindre symptôme de morve.

Deuxième fait. Une très-bonne jument bretonne, propre au cabriolet, appartenant à MM. Carrier et Malet, cultivateurs à la Varenne-Saint-Maur, avoit tant de qualités, que plus d’une fois ils en ont abusé : cette bête étoit capable de faire quinze et vingt lieues tous les jours, et, presque tous les jours, trois et quatre lieues dans cinquante et soixante minutes.

Cette excellente bête a eu plusieurs maladies graves, telles que des engorgemens aux extrémités postérieures ; des arrêts de transpiration qui ont déterminé des angines internes et externes, des catarrhes, et enfin la morve avec tous ses degrés.

L’attachement que ces messieurs avoient pour une aussi bonne bête ne leur a pas permis de la faire sacrifier ; ils ont voulu la voir périr de sa maladie, et lui ont fait donner tous les soins possibles. Elle étoit seulement séquestrée sous un hangar, où on lui donnoit à boire et à manger tant qu’elle en vouloit ; mais, s’ennuyant seule, elle se détachoit souvent et alloit dans la grande écurie manger avec ses camarades ; ces messieurs grondoient leurs valets de leur négligence, et ont eu long-temps peur que cette malheureuse bête n’empoisonnât tous leurs autres chevaux. Mais il n’en est rien arrivé, quoique ce manège ait duré plus de trois mois, après lequel temps elle est morte de cette cruelle maladie qui avoit rongé et perforé la cloison cartilagineuse des naseaux dans plusieurs points. Elle n’avoit d’autres lésions intérieures, que des engorgemens considérables de tout le système lymphatique.

Troisième fait. On a incisé la membrane pituitaire d’un cheval sain, et introduit de la matière de morve dans la plaie, sans que la morve ait paru dans le cheval inoculé. Le même cheval a été mis pendant deux mois entre deux chevaux morveux ; ils fournissoient abondamment de la matière qu’on lui inoculait de toutes les manières, sans que la morve se soit jamais développée ; on lui en mettoit tous les jours sur la membrane pituitaire avec le bout de l’index, et on l’inoculoit en égratignant la membrane avec l’ongle, au point d’avoir fait venir un ulcère à cette partie, mais qui n’étoit accompagné ni de flux, ni d’engorgement des glandes lymphatiques. Après deux mois d’expériences réitérées, le cheval a été mis chez un cultivateur, pour qu’il fût soumis aux travaux agricoles ; M. Chaumontel l’a suivi