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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/330

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mois, à condition de ne s’en livrer qu’à quatre ans, et de prescrire la manière ont ils devroient être soignés jusque là.

Les bêtes reçues en remplacement seroient réparties avec les mêmes formalités et aux mêmes conditions.

Par ce moyen, l’administration des haras n’auroit point de frais à faire autres que ceux d’achat ; les frais de nourriture et de soins seroient faits par les particuliers qui recevroient en compensation le prix des saillies, et qui auroient enfin la propriété de la bête, en livrant une de ses productions.

Ce moyen d’amélioration et de multiplication se perpétueroit ainsi sans efforts.

Nous verrons ailleurs quelle en seroit l’influence au bout de quelques années.

Ces chevaux étant répandus dans beaucoup d’endroits, n’auroient point l’inconvénient d’amaigrir le terrain, comme il arrive sur un fonds où l’on ne nourrit pas des bœufs et des moutons qui compensent le tort que font les chevaux.

L’administration auroit soin de placer les étalons et les jumens chez des particuliers dont les fonds fussent abondans et non marécageux ; de même qu’elle veilleroit à ce que les poulains achetés et ceux admis en remplacement fussent mis sur des terrains secs et assez fertiles, le tout suivant l’âge et le tempérament des animaux, l’excès ou le défaut de sucs pouvant faire manquer le développement des productions.

§. II. Du personnel de l’administration. À diverses époques, n’a-t-on pas vu des hommes qui avoient à cœur l’amélioration et la multiplication des chevaux, créer des établissemens, faire des entreprises considérables ? Mais dans cette partie les progrès sont lents, les produits sont éloignés ; et dans l’intervalle la patience manque à l’homme ; des avis inconsidérés ébranlent ses résolutions ; de faux calculs, qu’il n’a pas le temps de corriger, et le plus souvent l’ignorance et la négligence lui font abandonner son entreprise ; ou bien c’est une mort inattendue qui l’enlève à ses projets ; son zèle descend avec lui dans la tombe ; ses enfans, héritiers de son établissement, ne partagent point ses goûts. Les plans du défunt sont décriés, l’édifice élevé à grands frais se trouve bientôt ruiné de fond en comble, les débris en sont disséminés, et deviennent, pour la multitude, une occasion de publier que l’entreprise étoit folle.

Le zèle d’un ministre d’état a des effets plus étendus dans le moment ; il multiplie les moyens qu’il juge capables de remplir ses vues. Mais, outre que le ministre est mortel aussi, il arrive quelquefois que, passager dans son emploi, quoiqu’il ait ouvert une mine féconde, ses successeurs en retirent bientôt les ouvriers ; ou bien un système fait place à un autre. Il n’y a point de plan, quelque bien fait qu’il soit d’abord, qui puisse être suivi constamment. Le passé fournit la preuve de ces vérités.

Pour remédier à ces inconvéniens, pour obtenir les plus grands avantages, il faudroit qu’une institution d’un esprit permanent fût associée à la tâche de diriger les haras.

Pour que cette institution fît le bien, il faudroit qu’elle agît librement, qu’elle gérât ses moyens comme un particulier citoyen d’un pays libre.

Ses succès, amenés par le calcul et la patience, serviroient d’exemple ; et comme cette institution seroit toute dévouée au bien public, ses bienfaits seroient sa récompense, son principal objet étant de faire le plus possible de sacrifices utiles.

L’institution ne pourroit atteindre ce but, si, par son caractère, elle n’attiroit l’attention de tous les particuliers qui