Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/338

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qu’il seroit possible de vendre ou de consommer.

Changeons d’hypothèse, et restituons au sol français sa position méditerranée, ses fleuves et rivières, tels qu’ils sont aujourd’hui ; les transports se multiplient, les produits du sol circulent par le commerce, l’agriculteur cultive pour lui, pour ses voisins, pour obtenir des objets d’échange et multiplier ses jouissances.

L’État y trouve son compte, parce qu’il obtient par la voie des échanges et des exportations les objets d’importation dont il a besoin, et notamment les denrées coloniales. Étendons le système ; admettons que la navigation intérieure soit tout ce qu’elle peut devenir, que les grandes communications par eau soient établies, tous les fleuves et rivières unis par des canaux navigables, que les produits du sol circulent par eau de l’une à l’autre mer, et de là par tout le monde, que de richesses alors pour nos campagnes, combien les produits du sol acquerroient de valeur !

Ce n’est pas tout encore ; la navigation intérieure nous donneroit la faculté d’exploiter ces mines de houille dont notre sol abonde plus que tout autre, mais dont les trois cinquièmes restent sans exploitation faute de débouché, et dont les autres ne vont qu’à de très-petites distances.

(Voyez l’aperçu des mines de houille exploitées et non exploitées en France, par M. Lefebvre, membre du Conseil des Mines. Paris, chez Bossange, an 11.)

Supposons que ces houilles circulent dans tous nos ateliers, nos forges, nos boutiques de forgerons ; y fassent baisser la main-d’œuvre, le prix du combustible pour la fabrication des eaux-de-vie, le prix des fers, de tous les instrument aratoires, quelle immense prime accordée à l’agriculture et à ses produits, que de richesses pour le cultivateur !

Il faut donc qu’il se donne bien garde de déranger ce grand système par d’imprudentes dilapidations des eaux, en les détournant de leur cours, en faisant disparoître ces grandes masses d’eau si nécessaires aux points de partage pour fournir aux canaux artificiels.

Il ne faut donc pas plus tout dessécher, qu’il ne faut tout défricher ; et le propriétaire doit sentir lui-même l’indispensable nécessité, le pressant intérêt qu’il a de n’entreprendre aucun dessèchement en grand, sans avoir consulté le gouvernement et obtenu son consentement ; et l’État doit-il être convaincu à son tour qu’il lui importe d’adopter enfin un système général d’aménagement et d’administration des eaux en France ; car tout se tient dans l’ordre social comme dans l’ordre physique, et celui qui n’embrasse qu’une partie d’administration peut être un homme habile dans cette partie, mais n’est pas homme d’état, et ne mérite pas le nom d’administrateur, (de Chassiron.)


NEUF. (Cheval) On se sert de cette expression dans l’intention de désigner un cheval qui n’ait jamais travaillé ; ce qui donne à entendre qu’il est d’une plus grande valeur étant exempt des altérations qu’occasionne l’usure et que produisent la maladresse, l’ignorance et la cupidité.

Mais trouve-t-on, dans le commerce, beaucoup de ces animaux véritablement neufs ? La plupart de ceux qu’on présente comme tels, sont effectivement neufs pour le service auquel on va les soumettre ; mais vendus à quatre ou cinq ans pour le roulage, pour la poste, pour les armées, pour le service des villes, etc., ils ont presque tous été soumis à des travaux divers, soit dans les pays où ils sont nés, soit plus généralement chez des cultivateurs voisins ou éloignés qui les achètent jeunes et