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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/395

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bien plus droits, bien plus vigoureux, et qui seront par conséquent plus utilement employés à former des tiges, que ceux qui ont été supprimés. Ce recépage doit être fait avec précaution, pour ne pas ébranler ou éclater les racines, et de manière que la plaie soit toujours orientée au nord pour diminuer les inconvéniens de son dessèchement trop rapide.

C’est le coup d’œil qui décide des cas où le recépage d’un plant est utile, et il est impossible de donner des règles fixes à cet égard. Quelques espèces d’arbres forestiers, l’orme, par exemple, s’y prêtent plus facilement que d’autres ; le chêne est celui qui craint le plus d’être tourmenté par la serpette. On trouve, à l’article de chaque arbre, l’exposé de la culture qui lui est la plus propre.

Les années suivantes, jusqu’à ce que les arbres sortent de la pépinière, les travaux consistent en deux, et même un seul labour par saison, et à l’émondage des branches qui auroient porté sur la tige, de celles qui pousseroient trop irrégulièrement sur les côtés de la tête, etc. Les petits soins de ce genre se montrent plus sur le terrain, qu’ils ne se décrivent ; en général, il ne faut plus tourmenter les arbres lorsqu’ils sont en pleine croissance ; car on peut assurer que les inconvéniens qui résultent du trop peu de travail sont bien moindres que ceux qui sont la suite d’une méthode contraire.

Quelques pépiniéristes, peu instruits des lois de la physique végétale, pensent faciliter la croissance de leurs arbres et assurer leur direction verticale, en enlevant, chaque année, tous les boutons latéraux qui se développent. Ils seroit superflu, aujourd’hui qu’on sait que les plantes vivent autant par leurs feuilles que par leurs racines, de se donner la peine de prouver l’absurdité de leur conduite ; et d’ailleurs il suffit de voir leurs arbres et de les comparer avec ceux qui ont été dirigés dans les principes énoncés plus haut, pour en être convaincu.

Toutes les fois qu’on veut priver le bas d’une tige des bourgeons qui l’empêchent de se former, il faut les arrêter ; c’est-à-dire casser leur extrémité, ou mieux la tordre avant la sève d’automne, et ne les couper rez l’écorce que l’hiver suivant ; souvent même il est inutile de les couper, attendu qu’ils se dessèchent naturellement par suite de l’opération précédente. En principe général, il ne faut jamais couper trop de rameaux à la fois à un jeune arbre dont on veut former la tête, parce que l’extravasion de suc, et la diminution de feuilles qui en est la suite, nuisent toujours à sa croissance.

Mais à quel âge les arbres doivent-ils quitter la pépinière ? On peut répondre que c’est entre quatre et six ans ; mais cela est soumis à des irrégularités d’une telle fréquence et d’une telle importance, qu’on ne peut réellement rien établir à cet égard. En effet, dans un bon terrain, les arbres croissent plus rapidement ; une ou deux années favorables de suite produisent le même effet dans un mauvais terrain. Telle année, la demande est considérable, telle autre, il ne se présente pas d’acquéreurs ; d’ailleurs, chaque espèce d’arbre a une progression de croissance différente des autres, et ceux qui l’ont plus lente peuvent et même doivent y rester plus long-temps. L’époque où un arbre n’est plus transplantable, à raison de sa grosseur, est la seule qu’on doive définitivement fixer, et elle est fort éloignée, pour la plupart, dans les terrains médiocres, tels que ceux où je suppose que se trouve la pépinière. En général, tout se réunit pour engager le pépiniériste à vendre ses arbres le plus tôt possible, après qu’ils sont formés, c’est-à-dire la quatrième ou cinquième année ; mais l’acquéreur a quelquefois intérêt d’attendre un ou deux ans de plus, sur-tout lorsqu’il veut planter une avenue, et plus souvent encore son ignorance le porte à croire qu’il y a, pour sa plus prompte jouissance, un avantage de les prendre les plus vieux possible.

Les précautions exigibles pour arracher les arbres faits de la pépinière, sont les mêmes que celles indiquées pour le plant, même elles doivent être encore plus sévères, attendu que le mal se répare alors plus difficilement. Il faut conserver le plus possible de racines, et prendre garde de casser, soit des branches de l’arbre qu’on arrache, soit celles de ses voisins. Les grands leviers dont on se sert, dans quelques pépinières, sont très-avantageux, en ce qu’ils arrachent les racines les plus inférieures, au lieu de les couper comme la pioche, et qu’ils enlèvent souvent la motte ; aussi ne puis-je trop en recommander l’emploi qui, d’ailleurs, économise beaucoup de temps.

Il est quelques espèces d’arbres, ainsi que je l’ai déjà dit plus haut, dont les branches couchées en terre prennent très-facilement racine, et d’autres dont les mêmes branches coupées et mises en terre en prennent également ; ce qui leur fait gagner deux ou trois ans sur ceux crûs par un semis de graines. Un avantage de cette nature doit engager et engage en effet les pépiniéristes à employer la méthode des marcottes et des boutures (c’est ainsi qu’on appelle