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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/411

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rapidement. On sait qu’on appelle terrines, des pots plus larges que hauts, et percés à leur fond d’un grand nombre de très-petits trous qu’on recouvre de tessons, c’est-à-dire, de morceaux de pots cassés.

Il y a plusieurs espèces de cloches. Les unes sont faites d’un seul morceau de verre ; les autres de plusieurs, assemblés au moyen du plomb. Ces dernières varient beaucoup dans leur forme et leurs dimensions ; et, quoique beaucoup plus chères que les premières, elles leur sont préférables, en ce qu’il est rare que tous leurs carreaux se cassent à la fois, et qu’il est facile de ménager à leur sommet une ouverture fermable à volonté pour renouveler l’air qu’elles contiennent ; mais elles ont l’inconvénient d’être toujours d’un verre à vitre peu coloré, qui repousse bien plus les rayons du soleil que le verre brun des premières.

On peut faire les caisses du châssis en pierre, en brique ou en bois. Ces dernières sont préférables, comme exigeant des avances moins considérables et perdant moins la chaleur dont le bois est un des plus mauvais conducteurs. Elles doivent être construites en planches de chêne peintes en dehors et charbonnées en dedans, fortifiées de tenons de fer en leurs angles. Les panneaux qu’elles supportent doivent être également de cœur de chêne, garnis de bandes de fer en équerre et de vitres, dont le verre ne surabonde pas en potasse et ne contienne pas de plomb ; car, dans ces deux cas, ils ne tarderoient pas à être altérés par les émanations du fumier.

Les semis sur couche des arbres et arbustes de la division qui nous occupe demandent des soins plus multipliés que ceux faits en pleine terre. D’abord, il faut examiner la couche qui pourroit être trop chaude et brûler les graines au lieu de les faire lever. On prévient ce grave inconvénient en n’y plaçant les terrines qu’après qu’elle a jeté son premier feu, époque qui varie en nombre de jours, selon la nature de la couche et l’état de l’atmosphère, et on apprécie son degré de chaleur au moyen d’un thermomètre ou d’un simple bâton enfoncé jusqu’à son centre, et au bout duquel on applique la main au moment même qu’on le retire. Ensuite il faut veiller à ce qu’il soit donné de l’air aux châssis ou aux cloches, aussi souvent qu’ils en ont besoin, pour renouveler celui qu’ils contiennent, et dissiper l’humidité qui s’y est accumulée, humidité dont l’excès produit la moisissure et la pourriture des feuilles ; il faut aussi donner de l’ombre à ceux ou à celles qui sont au soleil, toutes les fois que cela devient nécessaire. Une seule négligence peut faire souvent perdre, en un instant, un semis tout entier. Il est assez difficile d’indiquer, en détail, les circonstances où faut ouvrir ou fermer les châssis, leur donner le soleil ou l’ombre : le coup d’œil en décide toujours mieux que le raisonnement. Cependant on peut conseiller d’ouvrir le châssis, 1°. lorsqu’il a été long-temps sans prendre l’air, et, dans ce cas, de ne l’ouvrir que par gradation, ainsi que dans celui où l’air extérieur seroit plus froid de beaucoup de degrés que l’intérieur ; 2°. quand le soleil commence à monter sur l’horizon, pendant le printemps et l’automne, et du soir au matin pendant l’été.

Les châssis acquièrent d’autant plus de chaleur par l’effet des rayons du soleil, que les verres des panneaux en sont frappés plus perpendiculairement, et que ces verres sont plus colorés. Ils conservent beaucoup mieux cette chaleur, lorsque les panneaux sont doubles, triples, etc., ainsi que l’a prouvé Ducarla, dans les Mémoires du Musée de Paris.

Les sarclages et les arrosages se pratiquent sur les couches, comme en pleine terre ; seulement ces derniers doivent être ménagés. Il faut éviter les deux extrêmes, mais sur-tout la trop grande humidité ; car on a vu fréquemment des semis sous châssis, qui avaient une superbe apparence, être anéantis par suite d’un arrosement fait à contre-temps. Là, encore plus qu’ailleurs, il faut sur-tout ne mouiller que le soir, crainte des effets des coups de soleil.

Au printemps ou au commencement de l’automne de la seconde année, on sépare les plants pour les repiquer soit dans des pots, soit en pleine terre. Cette opération doit être faite, autant que possible, par un temps humide, afin que le hâle ne fasse pas faner les feuilles et même dessécher les tiges avant que les racines, qui souffrent toujours un peu, quelques précautions qu’on prenne, et qui par conséquent n’absorbent plus la même quantité de nourriture, aient repris toute leur action vitale. Les plants qui sont dans des pots doivent être mis à l’ombre, même, s’il se peut, sous un abri, et arrosés. Ceux destinés à la pleine terre, qu’on se rappelle exiger impérieusement l’ombre, seront espacés convenablement ; c’est-à-dire écartés proportionnellement à leurs forces actuelles et au temps qu’ils devront rester en place, et également arrosés. Les repiquages ne se font généralement que pour deux ans, et, en conséquence, on les espace d’autant moins, qu’il est avantageux qu’ils couvrent complètement le sol de leurs feuilles pour y entretenir la fraîcheur, et que le terrain où ils sont