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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/415

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tournure habituelle les repousse d’ailleurs. Il n’y a presque que l’oranger qui soit, parmi eux, généralement recherché. (Voyez, au mot Oranger, la culture particulière que demande cet arbre ; culture qui s’applique en partie à tous ceux de sa division.)

Le peu d’avantages que retire un pépiniériste des arbres et arbustes de la division précédente se compense par les bénéfices que lui procurent ceux de la sixième, qui en ce moment renferme les espèces les plus à la mode et les plus chères, quoique peut-être les plus faciles à multiplier.

On emploie à cette culture de la terre de bruyère, comme il a été mentionné plus haut. Les graines se sèment dans des terrines, qu’on enfonce dans le fumier d’une couche à châssis, et où reste le plant pendant une année entière. Le repiquage se fait ou dans d’autres terrines ou dans des pots, qu’on tient de même sous châssis, ou dans une serre modérément chaude, pendant toute l’année. Au printemps suivant, on les déplante encore pour les placer à demeure dans des pots d’une plus grande capacité.

Ces plantes, soit dans leur jeunesse, soit dans un âge plus avancé, craignent en général des arrosemens trop fréquens. Elles exigent même qu’on veille à ce qu’elles ne restent pas longtemps dans un air humide et stagnant qui, s’il ne leur est pas toujours mortel, manque rarement d’occasionner la chute de leurs feuilles. Le plus difficile de leur culture est de les tenir toujours dans une température égale, le froid et le chaud leur étant également contraires. Un coup de soleil, comme la plus petite gelée, suffisent pour les faire périr en un instant ; aussi l’exposition du midi ne leur convient-elle qu’autant qu’on peut les garantir des rayons du soleil, à l’époque de sa plus grande force, par le moyen de toiles, de paillassons ou de claies, etc., et cependant elles ne peuvent supporter l’exposition du nord que pendant les mois les plus chauds de l’année.

Lorsqu’on veut les laisser en pleine terre, pendant l’hiver, il faut de toute nécessité les renfermer dans une cage entourée de paille ou de fougère, et ouverte par son sommet ; car elles pourriroient certainement, si ces matières les touchoient et leur communiquoient l’humidité dont elles se chargent toujours par l’effet des pluies.

La plus grande partie des espèces de cette division se multiplient de marcottes et même de boutures, qui se font de la manière indiquée plus haut, et qui n’exigent que les soins qu’on donne à leurs mères. En général, elles reprennent en peu de mois, et souvent donnent des fleurs dans la même année, comme on peut facilement l’observer sur l’hortensia, actuellement si commune et si recherchée.

Pépinière d’arbres verts ou résineux. Par arbres verts, je n’entends ici que les espèces des genres pin, sapin, cyprès, thuya, genévrier et if, formant la famille des conifères de Jussieu, les autres arbres qui conservent leurs feuilles, pendant l’hiver, rentrant dans les diverses classes de ceux d’agrément. On les cultive généralement en concurrence avec les autres arbres et arbustes de pleine terre, et ils pourroient être compris parmi ceux qui composent la quatrième division des arbres et arbustes précédens ; mais, comme ils demandent à être traités un peu différemment, j’ai préféré en parler séparément.

Les graines des arbres verts se récoltent, les unes à la fin de l’été, comme les sapinettes ; les autres en automne, comme celles du pin Weymouth ; d’autres pendant l’hiver, comme celles du sapin, et, enfin d’autres au printemps, comme celles du pin sylvestre. Elles sont du nombre de celles qui peuvent se garder plusieurs années sans perdre leurs facultés végétatives. On les retire d’entre les écailles des cônes où elles sont renfermées, soit en exposant ces derniers au soleil sur des toiles ou des planches, soit en les brisant ou coupant avec un instrument de fer. Elles se sèment généralement au printemps, dès qu’il n’y a plus de gelées à craindre ; les espèces dont les pousses craignent la gelée, comme celles du pin pignon, dans des pots, sur couche, ou châssis ; les autres, et c’est la grande majorité, en pleine terre, à l’exposition du nord, dans une terre fraîche, meuble ou dans laquelle il entre une portion de terre de bruyère. On les répand aussi également que possible, pas trop épais ni trop clair ; on ne les recouvre que de quelques lignes de cette même terre, et on a soin de les arroser toutes les fois que la sécheresse de l’air l’exige.

Il est rare que les graines d’arbres verts ne lèvent pas la première année, excepté celles du genévrier et de l’if, qui ne lèvent quelquefois qu’au bout de trois ans ; et on peut croire que, lorsque cela arrive, c’est parce qu’elles n’ont pas eu assez d’humidité ; aussi quelques pépiniéristes les mettent-ils dans l’eau pendant un jour ou deux, avant de les confier à la terre, et ne manquent-ils pas de les arroser tous les jours ou tous les deux jours, jusqu’à l’apparition des folioles radicales.