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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/426

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vir de cet équipage, on se rend, le matin, aux champs, après avoir pris la précaution, la veille au soir, de chercher, comme pour la chasse au fusil, à s’assurer de la remise des perdrix. La vache artificielle est du plus grand secours pour cette chasse. Avec ce déguisement, on tournoie jusqu’à ce qu’on aperçoive les perdrix ; et, tâchant d’observer de quel côté elles sont disposées à partir, on dirige vers ce point l’entrée de la tonnelle. Le filet étant monté, on revient, en n’épargnant pas le temps et les détours, se couvrir de la vache artificielle, et l’on approche petit à petit, feignant de brouter, et quelquefois de se rouler, jusqu’à ce que les perdrix se soient mises en marche. Le signe de leur inquiétude est lorsqu’elles dressent la tête. À ce signe, il faut s’arrêter, s’éloigner même, tourner le dos ou se coucher : enfin, lorsqu’elles sont au bord de la tonnelle, les plus jeunes s’y précipitent, et entraînent les autres ; on court alors fermer l’entrée, et on se saisit de sa proie. À défaut de vache artificielle, plusieurs hommes de compagnie peuvent rabattre les perdrix avec force précautions, marchant lentement, faisant de loin un peu de bruit, en parlant ou en frappant des cailloux, de manière à n’exciter les perdrix qu’à marcher, et non à fuir.

Les traîneaux et tirasses, décrites aux articles Alouette et Caille, s’emploient avec le même succès contre les perdrix pendant la nuit ; et, par tout ce que je viens de dire, on doit être au courant de toutes les précautions usitées pour les découvrir et les approcher. Pendant la nuit on se sert, avec beaucoup de succès, du feu, dont la lumière les frappe, les étonne ou les éblouit, au point qu’elles se laissent approcher, blotties et immobiles, et couvrir d’un filet, ou tirer à coups de fusil. En Italie et en Sardaigne, on les quête avec un flambeau fait d’une branche de pin bien résineuse ; en France, on place un lampion dans le fond d’un boisseau ou d’un seau, qu’on porte la gueule en avant ; d’autres ont perfectionné cette machine, en faisant faire une espèce de réverbère de fer-blanc, dont l’éclat et le poli répercute la lumière. Dans cette même chasse, les Italiens couvrent les perdrix d’un filet, soutenu au bout d’une perche par un cerceau : on a donné l’équivalent de cette machine dans le traîneau portatif pour les bécassines. La routine a aussi conservé, pour les perdrix, la méthode de monter le traîneau que porte un seul homme, sur deux perches légères de saule ou d’autre bois, plus rapprochées par un bout que par l’autre, et qui embrassent par le bout où elles se rapprochent, les hanches du porteur, qui s’engage entre ces deux extrémités, empoigne les bâtons aussi loin qu’il peut étendre les bras, et appuyant la corde qui roidit le bas du filet contre son ventre, chemine, portant cet appareil devant lui, pour le laisser tomber sur le gibier lorsque l’occasion s’en présente. Si, en se servant de quelque espèce de traîneau que ce soit, on faisoit partir les perdrix sans avoir pu les couvrir, il faudroit suivre, aussi exactement que possible, la direction de leur vol forcé ; les laisser ensuite une heure ou deux pour les laisser se rendormir, et se diriger de nouveau vers leur remise.

Les collets piqués ou traînans, les rejets même, servent encore à semer les dangers sur les pas des perdrix. J’ai déjà décrit aux articles Alouette, Bécasse, Grive, et au mot Collet, l’usage, le placement et le mécanisme de ces pièges. Pour éviter les redites, j’ajouterai ici qu’on les dispose absolument de la même manière pour les perdrix, en observant de se conformer à la marche qu’indiquent leurs habitudes. Ainsi on jette sur leur chemin de petites haies factices, dont