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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/431

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à quelques conseils sur la manière d’y procéder.

Parmi les plantes médicinales les plus usitées, les unes se plaisent dans les bois, les autres dans les marais ; celles-ci dans les plaines, celles-là sur les montagnes ; il en est qui aiment la chaleur des sables de l’Afrique, d’autres le froid des roches de l’Islande et de la Laponie ; il en est encore qui croissent au fond et à la surface des eaux.

C’est dans ces lieux qui sont propres à chacune d’elles, qu’il faut, autant que possible, les faire ramasser, plutôt que dans les jardins où on les fait venir par artifice et où elles ne peuvent acquérir au même degré ni les principes qui les constituent, ni les propriétés qui doivent les caractériser.

Voici les règles générales établies pour la récolte, la dessiccation, et la conservation des plantes :

1°. Les fleurs. On doit les cueillir quand elles sont sur le point de s’épanouir, excepté les roses rouges qu’on demande en boutons.

2°. Les fruits. Ils doivent être pris dans leur parfaite maturité, à moins que leur principale vertu n’existe dans l’acerbe de leur suc, comme le fruit d’acacia.

3°. Les semences. On est dans l’usage de les récolter, lorsqu’elles sont parfaitement mûres, et peu de temps avant le moment où elles vont se répandre.

4°. Les feuilles. Il convient de les récolter lorsqu’elles sont bien développées, et qu’elles ont encore cette couleur verte, qui annonce qu’elles ne sont pas arrivées au terme complet de leur végétation.

5°. Les racines. Il faut les tirer de terre à l’automne, sauf quelques exceptions déterminées par la durée des plantes qui les fournissent, et par les lieux dans lesquels ces plantes germent, croissent et meurent.

6°. Les substances ligneuses. On préfère celles qui sont saines et proviennent de sujets ni trop jeunes, ni trop vieux.

7°. Les écorces. Il faut avoir soin de les enlever aux branches ou aux troncs, et choisir celles qui ne proviennent pas de sujets trop avancés en âge.

Dessiccation. Lorsqu’on veut conserver les plantes ou leurs parties, il est nécessaire d’en enlever l’eau de végétation, et de les dessécher.

On y réussit en les exposant, en raison de leur nature, à l’action de l’air atmosphérique, à la chaleur du soleil, à celle de l’étuve, ou à celle du four.

1°. Les plantes qui contiennent beaucoup d’humidité courroient les risques de subir une fermentation qui altéreroit leurs qualités, si on les soumettoit à une dessiccation lente. On la rend plus prompte en les plaçant sous des châssis de toiles au soleil, et quelquefois ensuite sur le dessus d’un four ayant quarante ou cinquante degrés.

2°. On se hâte moins pour les plantes peu abondantes en sucs aqueux, et surtout pour celles qui sont aromatiques ; on les sèche à l’ombre.

3°. On a soin d’envelopper de papier celles dont on veut dessécher les sommités, à cause de l’odeur et de la couleur, qui sont très-fugaces : telles sont les menthes, la petite centaurée, le millepertuis, etc.

4°. On traite les fleurs séparées de leurs tiges comme les feuilles ; dessiccation prompte pour celles qui sont aqueuses, telles que les fleurs de mauve, de lis, de pavot rouge ; dessiccation lente pour celles qui ont moins d’eau, comme la camomille.

5°. On emploie la dessiccation accélérée pour les écorces, les bois et les racines qui ne sont point aromatiques.

Quant aux racines, toutes sont lavées, nettoyées, et quelques unes ratissées, avant d’être soumises à l’opération qui doit les priver de leur humidité surabondante.