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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/434

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tance est sèche, coriace et filandreuse : il est impossible de les casser dans leur largeur avec les deux mains ; mais elles se divisent aisément dans toute leur longueur en autant de lanières qu’on le désire. En vieillissant, ces feuilles se colorent d’un jaune rougeâtre qui devient d’un jaune de paille luisant lorsqu’elles sont desséchées. La presque totalité de leur substance est composée de fibres longitudinales, d’un blanc argenté comme de la soie, divisible à l’infini et d’une force très-considérable.

Fleur. Lorsque les plantes ont acquis une certaine force, il sort du centre des feuilles une tige qui les dépasse en élévation de plus d’un tiers. Elle se divise vers son extrémité en plusieurs rameaux qui se chargent d’une grande quantité de fleurs très-rapprochées les unes des autres, et qui forment un thyrse pyramidal d’un beau jaune. Les fleurs sont composées de six pétales, dont trois extérieurs et trois intérieurs. Les premiers sont plus courts que les seconds, et ceux-ci sont surmontés, du tiers de leur longueur, par les filets des étamines qui portent des anthères vacillantes.

Fruit. Il est composé d’une capsule sèche à trois loges, qui, lors de sa maturité, s’ouvre par son extrémité supérieure. Il renferme un grand nombre de semences noires, plates, très-minces, membraneuses sur leurs bords, apposées les unes sur les autres dans les loges qui les renferment. Elles y sont disposées de la même manière que celles des jacinthes, des tulipes et de la couronne impériale, avec lesquelles elles ont de la ressemblance.

Lieu. Le phormium textile croit dans l’hémisphère austral, entre le trente-quatrième et le quarante-septième degré de latitude. Il se trouve abondamment à la Nouvelle-Zélande, et dans l’île de Norfolk, où il a été observé dernièrement par le commodore Philip. On commence à le cultiver au port Jackson, dans la Nouvelle-Hollande. Les voyageurs ne sont pas d’accord sur la nature du terrain dans lequel cette plante croît ; les uns disent qu’elle préfère les terrains marécageux ; d’autres, qu’on la trouve au bord de la mer et dans son voisinage, sur les sables arides et dans des lagunes arrosées momentanément par des eaux saumâtres. Ce qu’il y a de certain, c’est que neuf pieds de ce phormium, plantés dans un baril, au port Jackson, dans la terre du lieu où on les a trouvés, n’étoit qu’un sable blanc, très-fin, qui paroissoit infertile ; que ces plantes apportées au Muséum par le navire le Naturaliste, second des deux vaisseaux de l’expédition de découverte, commandée par le capitaine Baudin, sont arrivées en bon état, qu’elles ont continué de végéter dans cette même terre pendant plus de dix-huit mois, et que dans ce moment, elles sont en pleine végétation. Ainsi, on peut croire que cette plante n’est point délicate sur le choix du terrain, et qu’elle croît dans les sols arides comme dans les lieux marécageux ; faculté extrêmement intéressante pour l’emploi de ces deux natures de terrains, trop abondans et presqu’inutiles en France.

Propriétés. Comme c’est de M. Labillardière, membre de l’Institut, que nous emprunterons ce que nous avons à dire sur les propriétés du phormium textile, ou lin de la Nouvelle-Zélande, nous extrairons de son Mémoire tout ce qui a rapport à cet objet et aux expériences qu’il a faites sur la force des filamens de cette plante, comparativement avec ceux du chanvre, de l’aloès-pite, du lin et de la soie.

« Le lin de la Nouvelle-Zélande, dit M. Labillardière, (dans son Mémoire lu à la classe des sciences physiques et mathématiques de l’Institut, en nivose an 11) que j’ai soumis à l’épreuve pour en connoître la force, me fut donné en échan-