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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/440

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miner à faire quelques sacrifices pécuniaires pour se procurer cette plante précieuse. Une souscription rempliroit ce but, et seroit préférable à d’autres moyens, tentés presque toujours en vain. D’ailleurs, il est si satisfaisant d’être soi-même l’artisan de sa fortune, qu’il ne faut pas laisser ce soin à d’autres. Cette souscription fourniroit aux dépenses de fret d’un bâtiment, qui partiroit chargé d’une cargaison d’un débit assuré dans l’Inde, et qui se chargeroit, en retour, de graines et de plantes de phormium textile. Cette dépense, et celle d’un jardinier intelligent pour la récolte des graines et la culture des plantes pendant la traversée, ne seroient pas considérables, relativement aux avantages qui en résulteroient, et les souscripteurs et les voyageurs qui introduiroient en grand cette plante en France auroient bien mérité de son agriculture et de la patrie. Quelle plus noble récompense pourroit déterminer cette entreprise ! (Thouin.)


PIE, (Corvus pica Lin.) oiseau du genre du corbeau (Voyez ce mot) et de l’ordre des pies qui ont le bec en couteau et convexe en dessus.

Caractères spécifiques : La queue en forme de coin, le plumage varié de blanc et de noir.

La pie offre la plupart des habitudes et les traits les plus caractéristiques du naturel du corbeau. Voleuse, rusée, avide et dévoratrice, si d’un côté elle détruit un grand nombre d’insectes nuisibles à l’agriculture, d’un autre, son goût omnivore rend son voisinage redoutable aux vignes, aux vergers, aux champs semés de pois, fèves et autres grenailles. Les chasseurs la redoutent aussi et la poursuivent, parce qu’elle mange les œufs du gibier et même ses petits. On prétend que pour l’éloigner d’un champ, il suffit d’y planter quelques bâtons et d’y attacher des pies mortes.

Cet oiseau, que nous appelons voleur, et qui, dans l’ordre de la nature, n’est que prudent et précautionneux, cache avec soin en terre les provisions qu’il amasse. Il est plus admirable encore dans la construction de son nid, et dans les soins qu’il prend de sa famille. Ce nid est un véritable fort, auquel travaillent le mâle et la femelle dès les premiers jours de février. Lorsque ces oiseaux choisissent pour ce travail un arbre isolé ou les avenues, ils placent leur édifice dans les branches les plus élevées ; mais, en plein bois, ils nichent plus bas et même sur de simples buissons. Ce nid placé au centre d’un embranchement, est d’abord rendu presque invisible par les jeunes pousses et le feuillage ; de plus, il est fortifié en dehors d’une palissade de petites branches liées ensemble avec de la terre mouillée ; il est recouvert d’une haie épineuse ; une seule ouverture pratiquée, encore sur le point le mieux défendu, permet à la pie d’entrer comme en rampant dans ce fort, dont l’extérieur a deux pieds de diamètre, mais qui en dedans ne forme qu’une chambre d’environ six pouces, matelassée de racines de chiendent et autres plantes molles et flexibles.

Les pies commencent deux ou trois nids ; si on trouble le travail du premier, elles vont vite en achever un second. Trop poursuivies, elles s’emparent aussi d’anciens nids de corneilles. Elles ne font qu’une couvée si on ne les dérange pas : dans le cas contraire, elles en entreprennent jusqu’à trois ; mais la dernière est moins nombreuse que la seconde, et celle-ci moins que la première. La ponte ordinaire est de sept à huit œufs, d’un vert bleu, semés de taches brunes, sur-tout vers le gros bout. Le mâle et la femelle couvent alternativement, et soignent long-temps leurs petits, qui ne parvien-