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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1805, tome 12.djvu/45

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le virus ; et le farcin transmis sembleroit devoir toujours être regardé comme moins rebelle.

Quoique la participation aux mêmes causes puisse suffire pour donner la raison du nombre d’animaux affectés en même temps, il est cependant toujours prudent de prendre les mesures propres à éviter la contagion.

Le farcin est enzootique dans quelques contrées, dans quelques écuries humides, etc.

Moyens préservatifs. 1°. Éviter la consommation de fourrages altérés, quelle que soit la nécessité, attendu que l’on finit toujours par perdre ces fourrages, et les animaux qui les ont consommés ; il vaut mieux ne les nourrir qu’avec la paille et l’avoine, que de remplir leur estomac d’alimens de la sorte.

2°. Lorsque le service est trop actif relativement au petit nombre de chevaux, et qu’il est indispensable de faire redoubler la course pour conduire les courriers, il est de règle qu’on donne le temps aux chevaux de manger l’avoine ; et, cette ration prise, les chevaux étant encore tout échauffés, on les attèle et on les fait partir. Cette nourriture, bien loin de restaurer l’animal, gêne les entrailles et lui donne une indigestion. On éviteroit cet inconvénient, dont les suites sont non seulement le farcin, mais encore le vertige et la fluxion périodique, en donnant seulement un demi-litre de vin, une bouteille de bière ou de cidre, suivant les lieux, et en ayant l’attention de modérer la course pendant la dernière demi-poste. Les chevaux arrivant moins essoufflés, on leur donneront des tranches de pain de seigle ou de méteil, sur chacune desquelles on saupoudreroit du sel de cuisine ; les chevaux habitués à cet aliment le mangent avec vivacité ; on leur donne par-dessus la boisson spiritueuse dont nous venons de parler : ce qui les met en état de continuer la course, ayant soin d’aller modérément pendant la première demi-poste, et d’augmenter peu à peu lorsque les chevaux se mettent en haleine. Ce régime est en vigueur dans les pays de montagnes où les postes sont rares, où la course est de sept à huit lieues, souvent de neuf ; les chevaux étant ainsi restaurés toutes les deux ou trois lieues, supportent le service sans éprouver le moindre accident. Au lieu qu’il est impossible qu’ils digèrent, l’avoine, étant dans une agitation aussi violente que celle où les met une course soutenue pendant plusieurs heures.

Une bonne partie de ce régime peut être admis pour les chevaux de diligences, et généralement pour ceux destinés au service public. En général, on se hâte trop de donner à manger aux chevaux immédiatement après la course ; ce moment n’est pas celui où l’estomac est disposé à recevoir des alimens ; ils s’y accumulent, mais ne s’y digèrent pas. Il faut donc avoir recours aux alimens d’une digestion très-facile.

3°. Éviter les refroidissemens subits ; ce qui arrive après la course, lorsqu’on laisse les chevaux étant en sueur, refroidir dans le repos, au lieu de continuer la marche, en la ralentissant peu à peu jusqu’à ce que la respiration soit tranquille et que la sueur soit passée. Alors on les rentre, on les bouchonne, on les couvre ; on ne leur permet de manger qu’une bonne demi-heure après qu’ils sont reposés. Si la pluie, le froid rigoureux, s’opposent à cette promenade, et que l’on soit obligé de les rentrer en nage, on prévient les effets du refroidissement subit en les bouchonnant jusqu’à ce qu’ils soient secs, et en leur donnant une chopine de vin chaud.

Tout postillon qui, après la course, expose ses chevaux aux courans d’air, qui s’amuse au lieu de les soigner, doit être congédié, attendu les suites funestes qui résultent de cette inconséquence.

4°. Consacrer à un autre usage les écuries qu’on ne peut rendre salubres, en élevant le sol, en faisant des ouvertures correspondantes qui renouvellent l’air, ou en y pratiquant des ventouses, en enlevant la terre qui rend les mur humides, et en pratiquant des fossés ou des ruisseaux qui fassent écouler les eaux.

5°. Il faudroit faire bouchonner avec de la paille molle brisée tout le corps des chevaux en sueur, et sur-tout des chevaux de rivière, quand ils finissent de travailler ; leur mettre une couverture dès qu’ils sont entrés à l’écurie ; leur faire prendre, dans le son ou l’avoine, deux ou trois onces de sel de cuisine par jour, leur diminuer le foin et leur donner quelques jointées de féveroles pour exciter l’action des intestins et de la peau.

6°. Avoir dans les postes aux chevaux, des toiles postiches que l’on mettroit sous les panneaux, qui ne serviroient que pour le même cheval, ou bien on laveroit toujours celles qui auroient servi dans la course : on auroit soin aussi de ne les remettre sur les chevaux qu’après qu’elles seroient bien sèches.

Pronostic. Le farcin qui se manifeste autour des lèvres, dont les boutons sont petits, qui n’intéresse pas les glandes lymphatiques de la ganache, et qui ne produit aucun effet sur la membrane du nez, n’est pas ordinairement dangereux.

Il en est de même de celui qui existe sur